Un décret a été approuvé, obligeant les Mipymes à Cuba à produire la moitié de l'énergie qu'elles consomment

Les entreprises déjà établies bénéficieront d'un délai de trois à cinq ans pour se "conformer" à la nouvelle réglementation.


Un décret publié ce mardi dans le Journal officiel oblige les entreprises privées, étrangères et d'État à mettre en œuvre des mesures drastiques d'efficacité énergétique.

Le décret qui a pour objectif principal "d'établir les réglementations pour le contrôle de l'utilisation efficace des porteuses énergétiques et des sources d'énergie renouvelables" inclut des mesures spécifiques pour les situations de stabilité du système électrique et pour les régimes de contingence.

Un des points centraux du Décret 110/2024 est l'obligation faite aux "grands consommateurs" de produire avec des sources renouvelables au moins 50 % de l'énergie qu'ils utilisent durant les heures de pointe à partir de l'année 2028.

Le terme "grands consommateurs" désigne les entités qui utilisent en moyenne 30 mégawattheures ou 50 000 litres de combustible par mois.

Le document indique que ces utilisateurs devront mettre en œuvre "un système de gestion pour le contrôle et l'utilisation efficace des porteurs d'énergie et des sources d'énergie renouvelable, conformément à leur objet social, fonctions et mission approuvée".

Selon le décret, les mesures devront être incluses dans un « programme de développement, de maintenance et de durabilité des sources renouvelables et d'utilisation efficace de l'énergie, d'une durée de cinq ans ».

Mesures concrètes pour la mise en œuvre

Les nouvelles entités économiques souhaitant exercer leur activité à Cuba devront intégrer ces programmes dans leur planification dès leur création.

Dans le cas des entreprises déjà existantes, elles disposeront d'un délai de trois à cinq ans pour s'adapter.

Si l'installation de panneaux photovoltaïques dans vos locaux n'est pas possible en raison de limitations structurelles, vous devrez signer des contrats avec des parcs solaires gérés par l'Union Électrique (UNE).

Dans le cas des investissements nécessitant de grandes quantités d'énergie, le gouvernement adoptera une approche plus restrictive en ce qui concerne les tarifs.

Les nouveaux tarifs seront calculés en fonction du « coût réel de la génération avec du diesel au taux de change officiel approuvé par la Banque centrale de Cuba ».

Cependant, cette mesure n'affectera pas la Zone Spéciale de Développement de Mariel (ZEDM), dont les tarifs resteront soumis aux normes actuelles.

Sanctions pour non-respect

Le décret précise également une série de sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas les nouvelles dispositions.

Les infractions vont de la mauvaise tenue des installations à la non-conformité avec les plans de consommation pendant les heures de pointe.

Les amendes peuvent atteindre 15 000 pesos, et il est même prévu que l'approvisionnement en électricité soit interrompu pendant jusqu'à 72 heures.

En cas de "régime de contingence électrique" -défini comme une période de perturbations planifiées de l'approvisionnement de plus de 72 heures- les sanctions seront encore plus sévères, atteignant 20 000 pesos.

Parmi les violations spécifiques figurent :

Ne pas avoir de plan de consommation électrique aux heures de pointe.

-Utiliser des équipements de climatisation dans des locaux non technologiques à des températures inférieures à 24 °C.

Avoir des systèmes de réfrigération et de climatisation en mauvais état ou non hermétiques.

-Commercialiser des équipements sans l'étiquette de performance énergétique.

-Mauvais usage des cartes de carburant prépayées.

Création de "Conseils énergétiques"

Une autre nouveauté du décret est la création de "Conseils énergétiques" au niveau national, provincial et municipal, composés de représentants d'organisations politiques, sociales et de masse, ainsi que d'acteurs économiques.

Ces conseils auront le pouvoir de superviser et d'appliquer les mesures établies dans le décret.

Parmi ses fonctions, il sera chargé de superviser le respect des plans de consommation et l'implémentation des sources d'énergie renouvelables dans les territoires ; le suivi des gros consommateurs et l'évaluation ainsi que le contrôle des performances des entités avec une consommation énergétique élevée.

Ils proposeront et mettront en œuvre des mesures en cas de manquements constatés dans leurs domaines de supervision.

Le décret intervient à un moment où le régime cubain a intensifié son accent sur les énergies renouvelables, en mettant particulièrement l'accent sur l'installation de panneaux solaires.

Cependant, les obligations imposées par la réglementation suscitent du scepticisme parmi les petits entrepreneurs et les entrepreneurs cubains, qui remettent en question la viabilité économique de se conformer aux nouvelles règles en raison du coût élevé que cela représente pour eux.

Bien que les médias officiels aient à peine abordé le sujet au-delà d'un bref reportage télévisé, on peut supposer que cette mesure suscitera des controverses dans les semaines à venir.

Le décret 110/2024 s'inscrit dans une période de crise énergétique sans précédent, que le gouvernement tente d'atténuer par des mesures d'austérité et d'efficacité.

La nouvelle législation met non seulement en lumière l'incapacité du gouvernement cubain à garantir un système électrique efficace et durable, mais elle transfère également le poids de cet échec aux acteurs économiques, y compris les petits entrepreneurs et les Mipymes, qui font déjà face à un environnement économique difficile.

Au lieu de mettre en œuvre des politiques structurelles pour moderniser la production d'électricité d'État et promouvoir de véritables incitations à la transition vers les énergies renouvelables, le régime choisit d'imposer des obligations qui seront coûteuses et irréalistes pour beaucoup.

Le décret rendu public ce mardi dans la Gaceta de Cuba entrera en vigueur 30 jours après sa publication.

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