Les hôtels à Cuba importent des aliments en raison de la pénurie.

Alors que le régime cubain souligne la nécessité pour les hôtels d'acheter localement, il est vrai que la qualité du service oblige les chaînes à importer les aliments pour préparer les repas des touristes.

Comida que denunció una viajera cubana procedente de Rusia © Facebook/ Yoana Amiral
Comida que a dénoncé une voyageuse cubaine venue de Russie.Photo © Facebook/ Yoana Amiral

La récente ouverture de l'entreprise importatrice Mesol, sous la gestion de Meliá Hotels International à Cuba, met en évidence la profonde crise que traverse l'île en termes d'approvisionnement en produits de base.

Cette initiative, bien qu'elle soit présentée par la presse officielle comme une solution efficace pour maintenir la qualité dans les hôtels de la chaîne espagnole, reflète l'inefficacité du gouvernement cubain à garantir la fourniture de biens essentiels à sa population et, désormais, à ses partenaires commerciaux.

L'entreprise Mesol, constituée au début de cette année, a pour objectif de fournir aux hôtels Meliá une large gamme de produits, allant des aliments et boissons aux articles de nettoyage et ustensiles de cuisine.

Ce mouvement stratégique répond à la difficulté croissante de trouver des produits de première nécessité sur le marché cubain, une problématique qui a affecté non seulement les citoyens, mais aussi les grandes chaînes hôtelières qui opèrent dans le pays.

Le communiqué officiel de Meliá souligne que Mesol travaillera en étroite collaboration avec des équipes d'hôtels et des fournisseurs de longue date, principalement d'Espagne, bien que de nouveaux fournisseurs seront également recherchés dans les Caraïbes et en Amérique Latine.

Ce réseau de distribution, qui inclut la nationalisation, le transport et le stockage de produits, vise à assurer un flux constant de fournitures permettant de maintenir la qualité du service caractéristique de Meliá.

Cependant, cette stratégie d'importation n'est pas nouvelle parmi les chaînes hôtelières à Cuba. Selon le média indépendant 14ymedio, d'autres entreprises, comme l'indienne MGM Muthu Hotels et la canadienne Blue Diamond, ont suivi des chemins similaires. Ces entreprises ont établi leurs propres sociétés d'importation pour apporter des meubles jusqu'à des produits alimentaires tels que Nutella et ketchup, des articles qui sont rares ou inexistants sur le marché cubain.

Le gouvernement cubain, en attendant, a montré une position ambivalente concernant cette situation. D'une part, il a critiqué publiquement la dépendance aux importations, arguant que le pays devrait être capable de fournir les hôtels avec des produits nationaux, favorisant ainsi l'ancrage économique.

Dans un article de 2022, le quotidien officiel Granma soulignait la nécessité pour les hôtels d'acheter localement, mais ne mentionnait pas les problèmes systémiques qui empêchent les agriculteurs locaux de satisfaire la demande.

La réalité est que les contrats entre les hôteliers et les producteurs locaux sont gérés par le Ministère de l'Agriculture, un intermédiaire qui, selon des témoignages, dissuade les agriculteurs en raison de paiements irréguliers et de non-respect des contrats. Cette situation a généré une méfiance généralisée et une diminution de la production locale, exacerbant la nécessité de recourir à des importations.

La décision de Meliá de créer Mesol survient dans un contexte de stagnation du tourisme à Cuba, où les revenus et le taux d'occupation des hôtels n'ont pas atteint les attentes.

La situation politique et économique de l'île a endommagé son image internationale, affectant négativement le flux de touristes. En 2023, Cuba a été la seule destination où Meliá a enregistré une baisse des revenus et de l'occupation hôtelière, un indicateur clair de la crise que traverse le secteur.

En mars de cette année-là, le gouvernement cubain a reconnu les problèmes auxquels le secteur du tourisme était confronté. Une connectivité aérienne insuffisante, des impayés aux fournisseurs qui ont interrompu la chaîne d'approvisionnement et des difficultés d'accès au marché international, entre autres, étaient les problématiques soulevées dans un reportage de Canal Caribe.

Pour faire face à la crise, le gouvernement a insisté sur la nécessité d'augmenter les contrats avec les fournisseurs nationaux et d'approvisionner les hôtels en aliments et autres services.

Ainsi, il a reconnu qu'il y a eu une décapitalisation du secteur, provoquée par le manque de personnel pour travailler dans les hôtels et les installations touristiques et, bien qu'il ne l'ait pas mentionné, le problème coïncidait avec l'exode de Cubains enregistré ces dernières années.

Les plaintes des touristes concernant la mauvaise qualité de la nourriture proposée dans les établissements touristiques remplissent des pages et des pages de commentaires sur des sites web spécialisés dans les voyages et le tourisme.

«La nourriture était à peine comestible, la plupart du temps elle ne l'était pas», a déclaré un touriste canadien qui a passé deux semaines au complexe hôtelier Barceló Solymar - Occidental Arenas Blancas, à Varadero.

«La pire expérience de sa vie», a résumé la touriste, qui a ajouté que cette situation l'a obligée à manger en dehors du complexe hôtelier la plupart du temps.

Les collations consistaient en « des petits pains secs d'un jour, un hot-dog cru ou une seule tranche de viande... Sans ketchup ni moutarde », a-t-il ajouté. « On m'a servi du poulet cru et du riz avec des cailloux à l'intérieur », a-t-il dénoncé.

"Restauration insuffisante et files d'attente allant jusqu'à deux heures pour obtenir un morceau de viande", ont décrit certains touristes en mai dernier la situation à l'hôtel Meliá Las Dunas à Cayo Santa María, au nord de la province cubaine de Villa Clara.

"Troisième jour à Varadero, Cuba, et maintenant, nous allons enfin dîner dans un endroit décent, car la nourriture de l'hôtel est horrible", a déclaré en juillet 2023 un touriste mexicain qui a passé ses vacances dans la célèbre station balnéaire.

L'approche du régime cubain consistant à développer le tourisme au détriment d'autres secteurs vitaux est une stratégie insoutenable. La création d'entreprises importatrices par des chaînes hôtelières étrangères est une mesure provisoire qui met en évidence l'incapacité du gouvernement à gérer efficacement l'économie et à garantir le bien-être de ses citoyens.

Au lieu de dépendre des importations, Cuba devrait se concentrer sur le renforcement de sa production locale et créer un environnement économique qui permette à ses habitants et partenaires commerciaux de prospérer sans avoir recours à des solutions externes.

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