Le 10 octobre, les Cubains célèbrent un anniversaire du Grito de Yara, le jour où Carlos Manuel de Céspedes, dans son moulin La Demajagua, a donné la liberté à ses esclaves et a proclamé l'indépendance de Cuba en se levant contre le colonialisme espagnol.
Dans le Manifeste du 10 octobre, le Père de la Patrie a souligné l'intention d'atteindre l'abolition progressive de l'esclavage, un objectif qui avait été convenu par plusieurs propriétaires terriens conspirateurs pour l'indépendance de l'Est cubain, seulement Céspedes s'est avancé à tous.
Mais a-t-il libéré les esclaves à Cuba ?
L'abolition de l'esclavage à Cuba a été un processus complexe qui a duré des décennies et a été marqué par divers événements et législations. On désigne souvent Carlos Manuel de Céspedes comme l'homme qui a libéré les esclaves, mais cette affirmation est incorrecte.
Bien que Céspedes ait joué un rôle important dans l'histoire de l'indépendance, la liberté des esclaves cubains a été le résultat d'une série de lois et de mouvements, tant locaux qu'internationaux, qui ont abouti en 1886 à l'abolition totale.
Nous allons maintenant passer en revue les moments clés de ce processus.
1868 : Carlos Manuel de Céspedes et la libération de ses esclaves
En 1868, Carlos Manuel de Céspedes a libéré ses esclaves dans son sucrerie La Demajagua. Cette action était symbolique et clé dans le début de la lutte pour l'indépendance de Cuba, car elle a invité les esclaves à se joindre à la cause indépendantiste pour combattre pour la patrie en échange de leur liberté.
Cependant, Céspedes n’a pas libéré tous les esclaves à Cuba, comme on le dit souvent. La libération massive et légale des esclaves a été un processus qui a impliqué des lois promulguées par le gouvernement colonial espagnol, et n’a pas été le résultat direct de l’action d’un seul individu.
Loi Moret de 1870 : Une abolition partielle
Un des premiers pas vers la liberté des esclaves à Cuba fut la Loi Moret, promulguée en 1870 par le gouvernement espagnol. Cette loi, également connue sous le nom de Loi des ventres libres, offrait une liberté partielle dans les cas suivants :
Liberté pour les nés après 1868 : Les enfants de femmes esclaves nés à partir de cette année seraient considérés comme libres.
Liberté pour les esclaves de plus de 60 ans : Ceux qui atteindraient cet âge seraient libérés.
Liberté pour les esclaves qui presteraient un service militaire : Ceux qui rejoindraient l'armée espagnole seraient affranchis.
Bien que cette loi ait été un progrès, elle ne signifiait pas l'abolition totale de l'esclavage. La majorité des esclaves restaient dans leur état de servitude, en particulier dans les plantations de sucre qui soutenaient l'économie cubaine.
La Guerre des Dix Ans (1868-1878) et la pression abolitionniste
La Guerre des Dix Ans fut le premier grand conflit indépendantiste à Cuba. Pendant cette guerre, de nombreux esclaves se sont joints à l'armée indépendantiste avec la promesse d'obtenir la liberté si l'indépendance de l'Espagne était obtenue. Bien que la guerre ne se soit pas soldée par l'indépendance, elle a eu un effet profond sur la société cubaine et a renforcé les mouvements abolitionnistes.
De plus, la guerre a créé des tensions économiques et sociales qui ont rendu la durabilité de l'esclavage difficile, ce qui, combiné aux pressions internationales, a poussé le processus abolitionniste.
Loi du Patronage de 1880 : Une transition vers la liberté.
Le prochain grand pas vers l'abolition totale de l'esclavage fut la Loi du Patronage, approuvée en 1880 sous le règne de S.M. le Roi don Alfonso XII. Cette loi ne libéra pas immédiatement tous les esclaves, mais transforma leur statut d'esclaves en "parrainés". Bien qu'ils n'étaient techniquement plus des esclaves, dans la pratique, ils continuaient à travailler sous les ordres de leurs anciens maîtres pendant une période pouvant aller jusqu'à huit ans.
Les personnes sponsorisées devaient recevoir un salaire, mais la loi leur refusait toujours une autonomie complète, et les employeurs continuaient à avoir un grand contrôle sur leur vie et leur travail. C'était une mesure de transition vers la liberté totale, qui devait atteindre son apogée en 1888, bien qu'elle ait finalement été avancée.
1886 : L'abolition totale de l'esclavage à Cuba
Le 7 octobre 1886, le gouvernement colonial espagnol a décrété l'abolition complète de l'esclavage à Cuba. Le décret a été émis sous le règne cette fois de la Reine Régente María Cristina et d'Alphonse XIII. À ce moment-là, environ 30 000 esclaves qui étaient encore soumis au système de travail forcé ont été enfin libérés. Cette abolition était le résultat de pressions sociales, politiques et économiques tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'île.
Bien que l'esclavage ait été officiellement aboli en 1886, la réalité pour de nombreux Afro-descendants à Cuba ne s'est pas améliorée immédiatement. La discrimination, la pauvreté et l'exclusion sociale ont persisté pendant des décennies, et de nombreux anciens esclaves et leurs descendants ont fait face à de grands obstacles pour accéder à la terre, au travail et à l'égalité des droits.
L'esclavage a été officiellement aboli à Cuba en 1886.
Pourquoi durant de nombreuses générations, les Cubains n'ont-ils pas entendu parler dans les livres d'histoire de la Loi Moret et des autres régulations qui ont mis fin à l'esclavage, et continuons-nous à célébrer cette date comme le jour de la libération des esclaves à Cuba ?
La liberté des esclaves à Cuba n'a pas été l'œuvre d'un seul homme ni le résultat d'un seul acte héroïque. C'était un processus complexe qui a impliqué de multiples lois, des pressions internationales et des mouvements sociaux. Bien que Carlos Manuel de Céspedes ait fait un pas courageux en libérant ses esclaves en 1868, l'abolition totale de l'esclavage ne s'est concrétisée qu'en 1886, lorsque le gouvernement espagnol a finalement mis fin au système esclavagiste.
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