La Fiscalía de Cuba confirme des arrestations suite aux manifestations contre les coupures de courant prolongées

Le parquet a engagé des poursuites pénales contre des manifestants pour des coupures de courant. Les arrestations témoignent de la répression du régime face à des manifestations pacifiques en raison de la crise énergétique.

Protestas por apagones en Encrucijada, Villa Clara © Captura de video Instagram / alain_paparazzi_cubano
Protestations contre les coupures de courant à Encrucijada, Villa Clara.Photo © Capture d'écran vidéo Instagram / alain_paparazzi_cubano

La Fiscalía Générale de la République (FGR) de Cuba a annoncé le lancement de poursuites pénales dans les provinces de La Havane, Mayabeque et Ciego de Ávila contre des personnes ayant participé à des manifestations en raison des coupures de courant continues qui affectent le pays.

Cette confirmation intervient au milieu d'une crise énergétique aggravée par le récent passage de l'ouragan Rafael, qui a laissé une grande partie du pays sans électricité à la suite de plusieurs effondrements du système électroénergétique national (SEN).

Captura de Facebook / Bureau du Procureur Général de la République de Cuba

Selon le communiqué de la FGR, les manifestants sont accusés de crimes d'attentat, de troubles à l'ordre public et de dommages, et une détention provisoire leur a été imposée. L'organe répressif du régime cubain a souligné que les incidents ont inclus des agressions contre des autorités et des inspecteurs, entraînant des blessures et des perturbations de l'ordre public.

Cet aspect n'a pas pu être confirmé dans les récentes images de manifestations qui circulent sur les réseaux sociaux, où, au-delà des cris et des tambours, le comportement des manifestants apparaît comme pacifique, sans expressions de violence.

Le contexte des manifestations et les réactions officielles

L'ouragan Rafael, qui a frappé l'île avec des vents atteignant 186 kilomètres par heure et des pluies torrentielles de 195 millimètres, a provoqué l'effondrement du Système Électrique National (SEN) pendant trois jours consécutifs.

Bien que le réseau électrique ait pu être rétabli après près de 48 heures, le manque d'électricité persiste dans de nombreuses zones. À La Havane, seule la moitié des près de deux millions d'habitants a actuellement accès à l'électricité, tandis que dans le reste du pays, les coupures se poursuivent en raison de l'incapacité du SEN à générer suffisamment d'énergie pour satisfaire la demande, un problème chronique qui s'est intensifié.

La réponse du gouvernement cubain face aux manifestations n'a pas été conciliatoire. Dans des déclarations antérieures, le dirigeant Miguel Díaz-Canel avait indiqué que les manifestants agissaient sous les "orientations d'opérateurs de la contre-révolution cubaine depuis l'étranger".

"Il y a toute la disposition, toute la capacité et tout le déploiement et l'envergure des systèmes que nous avons organisés depuis les conseils de défense, depuis les organisations, du parti, du gouvernement et des administrations pour répondre à la population sur toute préoccupation, tant que cela se fait de manière civilisée, organisée et disciplinée," a souligné le dirigeant à la fin du mois d'octobre.

« Mais nous n'accepterons ni ne permettrons à quiconque d'agir en provoquant des actes de vandalisme, encore moins de troubler la tranquillité de notre peuple. C'est une conviction et un principe de notre révolution », a-t-il ajouté.

Dénonciations d'arrestations et de répression

Des organisations de droits de l'homme comme Cubalex, basées aux États-Unis, ont signalé au moins huit arrestations arbitraires à Encrucijada, Villa Clara, en raison de manifestations liées aux coupures de courant.

De même, l'ONG Justicia 11J a indiqué qu'au Havane, au moins trois manifestations avaient eu lieu dans la nuit de vendredi, marquant ainsi le deuxième jour consécutif de manifestations dans la capitale.

Ces manifestations, marquées par des tintements de casseroles et des marches pacifiques, témoignent du mécontentement généralisé de la population qui fait face à des coupures de courant et à des difficultés quotidiennes.

La FGR a souligné dans son communiqué l'importance de maintenir l'ordre, la discipline et le respect envers les autorités, et a rappelé aux citoyens la nécessité de respecter la "légalité socialiste".

Cependant, la répression et les arrestations ont suscité de nouvelles inquiétudes concernant le respect des droits humains à Cuba, un pays dirigé par un régime totalitaire communiste qui réprime ceux qui dénoncent ou critiquent ses violations des droits humains et son absence de libertés civiles et politiques, telles que la liberté d'expression et de manifestation.

Impact sur la vie quotidienne et la réponse communautaire

La crise énergétique, exacerbée par l'incapacité du SEN à produire l'électricité nécessaire, a conduit les Cubains à faire face à des journées sans électricité, ce qui impacte tant le stockage des aliments que l'accès aux services de base.

Malgré les messages de relance que le régime diffuse à travers sa propagande, les Cubains continuent de faire face à de longues heures d'obscurité et à un climat d'incertitude qui alimente le mécontentement social.

Les arrestations à Encrucijada ont suscité un sentiment de frustration parmi les familles et les voisins des personnes arrêtées, qui défendent le droit de manifester face à une situation qu'ils jugent insoutenable.

Ce climat de tension met en évidence les difficultés auxquelles Cuba est confrontée, non seulement sur le plan économique et des infrastructures, mais aussi en ce qui concerne les droits civils et les libertés publiques.

Les paroles de la FGR, qui mettent en avant la "correcte observation des normes de coexistence sociale", contrastent avec les critiques de la communauté internationale et de la société civile cubaine, qui demandent une réponse plus empathique et respectueuse des droits citoyens.

«La seule chose qui contraste avec cette détermination d'unité de notre peuple, avec ces efforts de - tous ensemble - surmonter les adversités, ce sont quelques personnes, un nombre très limité de personnes, la plupart en état d'ivresse, qui se sont comportées de manière… euh… indécente», a déclaré Díaz-Canel lors d'une intervention à la fin du mois d'octobre devant le Conseil de Défense Nationale.

La stratégie du régime de disqualifier ceux qui protestent et revendiquent leurs droits et libertés est claire et a un objectif : faire comprendre que ces personnes “ne font pas partie du peuple cubain” (diviser), et laisser entendre que la soi-disant “révolution” n’hésitera pas à réprimer leurs actions (intimider).

Le communiqué de ce samedi de la FGR vient confirmer que les organes répressifs impliqués dans cette stratégie sont déjà à l'œuvre.

Que penses-tu ?

COMMENTER

Archivés dans :


Avez-vous quelque chose à signaler ? Écrivez à CiberCuba :

editores@cibercuba.com +1 786 3965 689