Protestations à Cuba et en Espagne : La presse officielle justifie les répressifs dans un cas et les manifestants dans l'autre

Alors que le régime cubain considère la protestation à Valence comme une expression légitime de la frustration citoyenne, il refuse de reconnaître les mêmes motivations chez ses propres citoyens et recourt à la répression ainsi qu'à des poursuites pénales pour étouffer le mécontentement.

Protestas en Cuba y en Valencia © Captura de video Instagram / alain_paparazzi_cubano - Cubadebate
Protestations à Cuba et à ValencePhoto © Capture d'écran vidéo Instagram / alain_paparazzi_cubano - Cubadebate

Ces derniers jours, la presse officielle du régime cubain a publié des articles mettant en évidence une contradiction dans ses approches concernant les manifestations à l'étranger et la contestation sociale sur l'île.

Un exemple clair de cela se trouve sur le média officiel Cubadebate, qui a exprimé sa compréhension envers les manifestants qui - à Valence, en Espagne - ont exigé la démission du président autonome en raison de la gestion des inondations dévastatrices causées par la DANA, et dans un autre article, a justifié la répression contre ceux qui protestent contre les coupures de courant à Cuba.

La solidarité de Cubadebate avec les personnes touchées en Valence par le phénomène atmosphérique contraste avec l'alignement du média dirigé par le porte-parole du régime cubain, Randy Alonso Falcón, avec les arguments du Parquet général pour arrêter et poursuivre les manifestants cubains qui protestent contre la gestion gouvernementale de la crise énergétique.

Un article de Cubadebate sur les manifestations à Valence a décrit comment 130 000 personnes ont envahi les rues pour exprimer leur "colère" contre le gouvernement valencien en raison de sa réponse insuffisante après la DANA, qui a causé 222 victimes mortelles et des milliers de sinistrés.

La manifestation, convoquée par 65 organisations et soutenue par 83 autres, s'est déroulée pacifiquement, à l'exception de quelques incidents mineurs, comme le lancer de boue et de peinture contre des bâtiments gouvernementaux.

Dans sa couverture, Cubadebate semble soutenir les revendications des manifestants, mettant en avant les cris de "Mazón démissionne" et "le peuple uni ne sera jamais vaincu", et donnant la parole aux critiques à l'encontre de la Generalitat pour son manque de réponse opportune et efficace durant l'urgence.

En revanche, un deuxième article publié par ce média officiel a adopté une position opposée envers les manifestants à Cuba, où les autorités ont engagé des poursuites pénales contre des personnes à La Havane, Mayabeque et Ciego de Ávila pour avoir participé à des actes de protestation.

Selon la Fiscalía Générale de la République, dont le texte a été reproduit par le média mentionné, des mesures de détention provisoire ont été imposées aux accusés pour "atteinte, troubles à l'ordre public et dommages".

La note de Cubadebate a soutenu que ces actes de désobéissance portent atteinte à la "tranquillité citoyenne" et a justifié les actions des autorités cubaines en évoquant la nécessité d'"ordre, de discipline et de respect envers les autorités".

De même, le communiqué du Parquet louait l'attitude de ceux qui « se consacrent aux tâches de la reconstruction du pays », en la contrastant avec la prétendue irresponsabilité des manifestants.

La disparité entre ces deux positions met en évidence la double morale du régime cubain. Alors qu'il soutient les revendications de justice des manifestants espagnols, qui demandent des comptes et la responsabilité de leurs autorités, il condamne fermement les manifestations de ses propres citoyens, à qui il refuse le droit de s’exprimer et de critiquer la gestion gouvernementale.

La Fiscalía du régime cubain, dont les propos ont été adoptés par Cubadebate, n'a pas évoqué les problèmes à l’origine des manifestations dans le pays — principalement, les coupures de courant prolongées et la pénurie de ressources — mais a décrit les manifestants comme une menace pour l'ordre et la sécurité.

De plus, le langage utilisé, faisant référence au "respect de la légalité socialiste", a renforcé la narrative selon laquelle toute dissidence ou critique à Cuba est inacceptable et doit être sanctionnée.

Ce contraste devient encore plus évident lorsqu'on examine les similitudes entre les deux manifestations. À la fois à Valence et à Cuba, les manifestations surgissent dans un contexte de crise, bien que dans des situations différentes.

En Espagne, les manifestations ont été déclenchées par la gestion inappropriée d'une tragédie naturelle ; à Cuba, la population est descendue dans la rue au milieu d'une crise énergétique et d'une situation économique qui touche chaque aspect de la vie quotidienne.

Cependant, tandis que le régime cubain considère la protestation à Valence comme une expression légitime de la frustration citoyenne, il refuse de reconnaître les mêmes motivations chez ses propres citoyens et recourt à la répression et à des poursuites judiciaires pour étouffer le mécontentement.

La position officielle du gouvernement cubain reflète un double standard évident et révèle une hypocrisie institutionnelle. Le régime cubain, qui se vante de défendre les droits des peuples au niveau international, réprime ses citoyens lorsqu'ils exercent ce même droit de protester et d'exiger des améliorations.

Tandis que les autorités valenciennes ont permis la manifestation sans répercussions majeures, le régime cubain a réagi face à ses manifestants par des arrestations et des procès, dans une tentative de contrôler la dissidence et d'empêcher l'expression du mécontentement populaire.

Cette contradiction dans le discours de la presse officielle met en évidence le défi auquel sont confrontés les Cubains : un régime qui soutient les manifestations dans d'autres pays tout en réprimant les manifestations sur son propre territoire, illustrant une politique de censure et de punition envers quiconque remet en question la réalité sur l'île.

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