L'acceptation de Cuba en tant que membre associé des BRICS a été une étape significative pour l'île, qui cherche à établir de nouvelles alliances économiques et diplomatiques dans un contexte mondial de plus en plus compétitif. Cependant, devenir membre à part entière de ce bloc d'économies émergentes représente une série de défis que Cuba devra relever si elle souhaite participer pleinement aux décisions et aux stratégies du groupe.
Actuellement, le statut de membre associé permet à Cuba de participer à certaines initiatives du groupe, mais sans droit de vote ni pouvoir de décision. Pour progresser vers une adhésion complète, la nation caribéenne doit renforcer sa stabilité économique, réformer son modèle de gouvernance et élargir ses engagements d'investissement avec les pays clés du bloc, tels que la Chine et la Russie.
La stabilité économique, un défi fondamental
L'un des principaux obstacles auxquels Cuba est confrontée pour obtenir une pleine adhésion aux BRICS est le manque de stabilité économique interne. L'économie cubaine, marquée par un système centralisé et de contrôle étatique, souffre d'une profonde crise énergétique qui se traduit par des coupures de courant prolongées affectant à la fois la vie quotidienne et l'activité productive. La pénurie de produits de première nécessité, tels que les aliments et les médicaments, a été un problème constant pour la population cubaine, situation qui s'aggrave avec l'ouverture limitée du pays au capital privé et à l'investissement étranger.
Le manque de devises et l'insuffisance des investissements étrangers compliquent la réactivation du système productif cubain, limitant ainsi sa capacité à générer une croissance économique durable. Bien que Cuba ait reçu un soutien financier et des crédits de ses alliés les plus proches au sein du bloc BRICS, notamment de la Chine et de la Russie, ce soutien n'a pas été suffisant pour surmonter les problèmes structurels de son économie. Pour être considéré comme un partenaire économique stable par les autres pays du groupe, Cuba devra consolider sa relation avec ces alliés, en transformant la coopération actuelle en engagements plus larges et à long terme, incluant des investissements dans des secteurs clés tels que l'énergie et les infrastructures.
Réforme du modèle de gouvernance : une condition inéluctable
Le autre grand défi auquel Cuba est confrontée sur son chemin vers une adhésion pleine aux BRICS est la nécessité de réformer son modèle de gouvernance. Malgré la diversité des systèmes politiques au sein du groupe, les BRICS partagent la nécessité de s'adapter à des normes de gouvernance qui favorisent l'intégration économique et l'attraction d'investissements. Cela inclut l'adoption de cadres juridiques clairs pour protéger les investisseurs et une plus grande ouverture à la participation du secteur privé.
Cuba, avec un modèle de gouvernance rigide et centralisé, est loin de répondre à ces exigences. Bien que ces dernières années, elle ait permis la création de petites et moyennes entreprises et ait réalisé certaines ouvertures vers le secteur privé, ces réformes ont été lentes et limitées. Le contrôle de l'État demeure un obstacle à la modernisation économique du pays, et le manque de sécurité juridique pour les investisseurs étrangers génère de la méfiance et freine l'arrivée de capitaux nécessaires au développement économique.
Sans une transformation plus profonde de sa structure économique et légale, qui permettrait une plus grande transparence et faciliterait l'investissement, Cuba ne peut pas répondre pleinement aux attentes de gouvernance du groupe BRICS. Cela l'éloigne d'une éventuelle adhésion pleine, car l'adaptation à ces normes est essentielle pour le succès de la coopération au sein d'un bloc qui vise une intégration économique plus large et solide.
L'importance de l'agenda mondial et de la volonté politique des BRICS.
En plus de ses défis internes, la possibilité que Cuba devienne membre à part entière des BRICS dépend également de la volonté politique des membres actuels du groupe. Les récentes décisions des BRICS, telles que le refus du Brésil d’intégrer le Venezuela, montrent que la politique interne et la perception de la stabilité des pays concernés jouent un rôle crucial dans l’élargissement du bloc. Dans le cas de Cuba, la perception des membres actuels sur sa capacité à respecter les engagements du groupe et sa stabilité politique et économique sera déterminante.
D'autre part, pour s'aligner sur l'agenda mondiale des BRICS, Cuba devra s'adapter aux objectifs stratégiques du groupe, qui incluent la promotion d'un commerce international plus équitable et moins dépendant du dollar américain, ainsi que la construction d'une économie mondiale plus multipolaire. Cela implique non seulement de participer à des projets de développement conjoint initiés par le bloc, mais aussi d'adapter sa politique extérieure pour s'aligner sur les intérêts et la vision des BRICS dans un contexte global.
Un chemin long et complexe pour Cuba.
L'inclusion de Cuba en tant que membre associé des BRICS a été perçue comme une opportunité pour l'île de renforcer sa diplomatie économique et d'explorer de nouvelles alliances stratégiques. Cependant, ce statut ne garantit pas un accès automatique à la pleine adhésion, et les défis auxquels Cuba est confrontée sont considérables. Les réformes nécessaires pour atteindre la stabilité économique et moderniser son modèle de gouvernance nécessitent un engagement politique et social profond, ainsi qu'une plus grande ouverture à l'investissement étranger.
Dans le contexte de la récente demande du Venezuela d'entrer dans le groupe BRICS, la position de pays comme le Brésil, qui a opposé son veto à son intégration, souligne l'importance de démontrer une stabilité et une alignement avec les intérêts du bloc. Le refus envers le Venezuela montre que les membres actuels sont prudents lorsqu'il s'agit de considérer l'intégration de nouveaux pays qui pourraient affecter la cohésion et la stabilité du groupe.
Bien que le statut de membre associé de Cuba représente un progrès significatif, le chemin vers l'adhésion pleine sera long et nécessitera un effort soutenu de la part de l'île pour surmonter ses problèmes structurels et consolider sa place au sein d'un groupe d'économies émergentes cherchant à contester le domination des puissances occidentales. L'efficacité de cette intégration dépendra de la capacité de Cuba à concrétiser des accords et à participer activement aux projets communs avec les membres pleins du bloc.
En conclusion, "tout est très beau" dans les gros titres, mais Cuba est loin de réussir à transformer cette inclusion en une amélioration tangible des investissements dont le régime cubain a tant besoin pour rester à flot. Malgré les déclarations et les inclusions, tous les pays membres des BRICS connaissent la réalité de Cuba ; tous ont été "mordus" par l'inefficacité du régime et sa facilité à oublier dettes et engagements. Les BRICS d'aujourd'hui ressemblent très peu à l'ancien CAME : ils ne reposent pas sur des principes de solidarité ni sur quoi que ce soit de similaire. C'est un bloc économique marqué par un pragmatisme palpable. Quelle place Cuba aura-t-il dans ce bloc ? Une place très réduite, si la continuité de Díaz-Canel demeure.
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