La campagne "Non au service militaire" prend de l'ampleur à Cuba après la tragédie à Holguín

Promue par des activistes et des organisations de la société civile cubaine, l'initiative exige la fin du Service Militaire Obligatoire, considéré par beaucoup comme un système oppressif et dangereux pour la jeunesse cubaine.

Activistes opposés au SMO à CubaPhoto © Facebook / Ramón Zamora Rodríguez

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En plein chagrin et indignation suite à la nouvelle de la disparition de neuf jeunes soldats et quatre militaires dans un dépôt de munitions dans la province de Holguín, la campagne "Non au Service Militaire Obligatoire" a pris un nouvel élan à Cuba.

Cette initiative, promue par des activistes et des organisations comme le mouvement Impacto Juvenil Republicano, exige la fin du Service Militaire Obligatoire (SMO), considéré par beaucoup comme un système oppressif et dangereux pour la jeunesse cubaine.

Captura d'écran Facebook / Ramón Zamora Rodríguez

Les explosions survenues dans le poudrerie de Holguín et le manque de transparence avec lequel les autorités ont informé sur les événements, ont conduit de nombreux citoyens à craindre que les « disparus » puissent malheureusement être des militaires et des recrues dont le décès est dissimulé par le régime cubain.

Cette situation de tension maximale et d'incertitude a de nouveau fait émerger les sentiments des parents et des jeunes opposés au recrutement forcé du Service Militaire cubain, dont beaucoup se sont joints à cette campagne sur les réseaux sociaux et dans les rues de l'île.

Facebook / Ramón Zamora Rodríguez

Les manifestations se sont étendues à des provinces comme Holguín, Santiago de Cuba, Matanzas et Artemisa, où des dizaines de jeunes sont descendus dans la rue avec des pancartes et des slogans tels que « Nos jeunes méritent de vivre, pas de mourir ! » et « Non au Service Militaire Obligatoire ».

Malgré la forte présence policière, les manifestations reflètent un mécontentement croissant au sein de la population, notamment parmi les jeunes et leurs familles.

Facebook / Ramón Zamora Rodríguez

Ramón Zamora Rodríguez, porte-parole national du Parti républicain de Cuba, a souligné sur ses réseaux sociaux la valeur de ceux qui ont participé aux mobilisations, les décrivant comme « un acte de courage et d'engagement civique ».

L'activiste a souligné que cette tragédie a mis en lumière un problème de fond : le SMO n'est pas perçu comme un outil de formation civique, mais comme un mécanisme de contrôle étatique qui met en péril la vie et l'avenir des jeunes Cubains.

« Il est inacceptable que nous continuions à perdre des vies à cause de politiques obsolètes et inhumaines. Nous exigeons la fin du service militaire obligatoire et la mise en œuvre de politiques qui priorisent l'éducation, le développement et la liberté de notre jeunesse », a déclaré un porte-parole du mouvement Impacto Juvenil Republicano.

Réactions sur les réseaux sociaux et solidarité

Sur des plateformes comme Facebook, la campagne a trouvé un écho parmi les militants et les citoyens ordinaires.

Des figures comme le journaliste indépendant Yosmany Mayeta Labrada ont dénoncé les conditions dangereuses et les risques associés au SMO, exhortant les autorités à reconsidérer ce système. Dans une publication sur Facebook, Mayeta a souligné que “des centaines de jeunes sont morts ces dernières années” en servant dans l'armée.

Capture d'écran Facebook / Yosmany Mayeta Labrada

Les images partagées sur les réseaux sociaux montrent l'indignation et la détermination des manifestants, qui cherchent à mettre en lumière un problème qu'ils considèrent comme une violation des droits de la jeunesse. Le mouvement appelle également la communauté internationale et les organisations de droits de l'homme à soutenir la cause.

L'incident tragique à Holguín a servi de catalyseur pour un débat qui reste enfoui depuis des années dans la société cubaine.

Avec le soutien de citoyens, d'activistes et d'organisations telles qu'Impacto Juvenil Republicano, la campagne « Non au Service Militaire Obligatoire » vise à mettre fin à une pratique qui, selon les manifestants, a coûté trop de vies et limite les opportunités des jeunes à Cuba.

Rejet croissant du Service Militaire Obligatoire à Cuba

Le Service Militaire Obligatoire (SMO) à Cuba a suscité des controverses pendant des décennies, et ces dernières années, le rejet populaire envers cette pratique a considérablement augmenté. Ce système, qui concerne principalement les jeunes âgés de 16 à 28 ans, est critiqué en raison des conditions de vulnérabilité et des risques qu'il implique pour ceux qui y participent.

Diverses organisations et figures publiques ont dénoncé les dangers et abus auxquels sont confrontés les jeunes durant leur service. En août 2024, Anisleydis Suria, mère d'un jeune emprisonné pour avoir refusé de faire le service militaire, s'est déclarée ouvertement contre le SMO, soulignant les conditions difficiles auxquelles sont soumis les recrues.

De plus, en janvier 2024, il a été rapporté que les jeunes femmes cubaines qui choisissent la Licence en Journalisme devront d'abord accomplir un an de Service Militaire Obligatoire, selon la presse officielle. Cette mesure est perçue avec inquiétude par de nombreuses jeunes femmes, qui considèrent qu'elle pourrait limiter leur accès à l'enseignement supérieur et affecter leurs projets de vie.

Le récent Décret 103/2024 a durci les sanctions pour ceux qui ne se présentent pas au service militaire. Les amendes pour ne pas s'inscrire au registre militaire, manquer aux convocations du Comité Militaire ou s'absenter des activités de préparation varient entre 2 500 et 7 000 pesos cubains.

De plus, les parents ou tuteurs de mineurs sont responsables des infractions commises par leurs enfants. Ces mesures ont été interprétées comme une réaction du gouvernement face au mécontentement social croissant envers le SMO.

Malgré les dénonciations, le régime cubain a persisté à nier que le service soit réellement "obligatoire". En mai 2022, lors d'une session du Comité des Droits de l'Enfant des Nations Unies à Genève, Yisel González García, fonctionnaire du Ministère des Affaires Étrangères de Cuba, a affirmé que le service militaire sur l'île est volontaire.

Selon ses paroles, "les citoyens des deux sexes qui le souhaitent et l'expriment clairement peuvent s'engager volontairement dans le Service Militaire."

Cependant, cette affirmation a été largement remise en question, car la Loi de Défense Nationale de Cuba établit l'obligation du service militaire pour les citoyens de sexe masculin.

Selon l'Article 67 de cette loi, "les citoyens de sexe masculin, depuis le 1er janvier de l'année où ils atteignent l'âge de dix-sept ans jusqu'au 31 décembre de l'année où ils atteignent l'âge de vingt-huit ans, doivent effectuer le Service Militaire Actif pour une durée de deux ans."

L'inscription au registre militaire est obligatoire à partir de 16 ans, et le non-respect de cette obligation peut entraîner des sanctions légales.

En parallèle, le régime a défendu le SMO comme faisant partie de la "préparation à la défense du pays" face à ce qu'il considère comme "des menaces externes". Néanmoins, ce discours n'a pas réussi à convaincre de larges secteurs de la population, notamment les jeunes, qui continuent d'exiger des alternatives mettant en avant leur développement, leur éducation et leur liberté.

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