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Le récent annonce du régime cubain concernant la libération de 553 prisonniers suscite controverse et un débat intense, compte tenu des attentes de la société civile cubaine de voir des centaines de prisonniers d'opinion, injustement condamnés pour avoir exercé leurs droits de manifestation ou de libre expression, sortir des prisons.
La décision intervient dans un contexte de changements politiques et diplomatiques majeurs : le 20 janvier prochain, Donald Trump reprendra la présidence des États-Unis. Lors de son précédent mandat, Trump a été celui qui a rétabli Cuba sur la liste des pays soutenant le terrorisme en 2021 et a durci les sanctions contre le régime, marquant un tournant radical par rapport à la politique de rapprochement de Barack Obama.
Le geste actuel du régime cubain, qui coïncide avec l'exclusion de l'île de cette liste par l'administration Biden et la levée de certaines sanctions, pourrait être interprété comme une tentative de profiter des derniers jours d'une administration démocrate plus flexible avant le retour d'une politique plus agressive de la part de Trump, ou comme un geste de volonté de dialogue lancé au républicain pour prendre l'initiative dans les relations tendues.
Cependant, les questions sur qui bénéficiera de cette mesure persistent : S'agira-t-il de prisonniers politiques ou de criminels ordinaires ?
Compte tenu du fait que le régime cubain considère comme des délinquants - ou des criminels portant atteinte à la sécurité de l'État - les condamnés pour des raisons politiques, la société civile se demande si la dictature va vraiment libérer les prisonniers politiques, ou si elle utilisera un artifice rhétorique pour libérer des délinquants ordinaires.
Prisonniers politiques à Cuba : le visage visible de la répression
Depuis 2018, la répression politique à Cuba a acquis une notoriété internationale, particulièrement après les manifestations du 11 juillet 2021 (11J).
Ces manifestations ont marqué un avant et un après, avec des centaines de violations arbitraires et procès sommaires qui ont entraîné des peines sévères pour des délits tels que « désordre public » ou « outrage », utilisés pour criminaliser la dissidence.
Organisations telles que Prisoners Defenders et Amnesty International ont documenté que au moins 550 personnes restent en prison pour des raisons politiques. Parmi les cas les plus visibles se trouvent :
1. José Daniel Ferrer, leader de l'Union Patriótica de Cuba (UNPACU), symbole de la résistance opposante dans l'est du pays.
2. Luis Manuel Otero Alcántara, artiste du Mouvement San Isidro, emprisonné à plusieurs reprises pour son activisme culturel et politique.
3. Maykel Castillo Pérez (Osorbo), rappeur et co-auteur de la chanson "Patria y Vida", dont l'œuvre est devenue un hymne de protestation.
4. Félix Navarro et Sayli Navarro Álvarez (père et fille), coordinateur du Mouvement pour la Démocratie Pedro Luis Boitel et membre des Dames en Blanc respectivement.
4. Manifestants du 11J, qui ont été condamnés à des peines exemplaires visant à dissuader de futures manifestations, et dont les familles ont mis en lumière et dénoncé l'injustice commise par le régime.
Ces cas, accompagnés des dizaines d'activistes et de journalistes indépendants sous surveillance ou en détention à domicile, représentent une violation constante des droits fondamentaux sur l'île.
Un geste stratégique face à un changement politique imminent ?
L'annonce du régime semble s'aligner sur l'intention de capitaliser sur les derniers jours de l'administration Biden, qui a adopté une posture plus conciliante envers Cuba, en excluant le pays de la liste des sponsors du terrorisme et en levant certaines sanctions, présumément en échange de la libération de prisonniers politiques.
Cependant, avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche dans cinq jours, ce scénario pourrait changer radicalement.
Trump a été le maître d'œuvre du durcissement des politiques à l'égard de Cuba, y compris la réintégration de l'île sur la liste des pays soutenant le terrorisme, ainsi que la mise en œuvre de nouvelles sanctions qui ont frappé l'économie cubaine.
Son retour à la présidence signifiera probablement un retour à cette ligne dure, réduisant les chances de futurs gestes diplomatiques entre les deux pays.
Dans ce contexte, la décision du régime de libérer des prisonniers pourrait être interprétée comme une tentative de montrer sa bonne volonté avant que les portes à un dialogue plus flexible ne se ferment.
Cependant, la nature des libérations est clé : libérer uniquement des délinquants communs et non des prisonniers politiques enverrait un message clair que le régime n'a pas l'intention de changer sa politique répressive.
L'impact de la surveillance internationale
Amnesty International et d'autres organisations ont été précises en exigeant la libération de tous les prisonniers politiques à Cuba. Elles soutiennent que toute amnistie qui n'inclut pas les activistes, les journalistes et les manifestants emprisonnés serait un geste creux, conçu uniquement pour améliorer l'image du régime devant la communauté internationale.
La proximité du changement d'administration aux États-Unis ajoute une couche d'incertitude. Alors que Biden a privilégie le dialogue et les gestes d'ouverture, on s'attend à ce que Trump adopte une attitude plus conflictuelle.
Ce contexte rend d'autant plus urgent que la communauté internationale maintienne la pression pour garantir que les libérations annoncées incluent ceux qui sont emprisonnés pour avoir exercé leurs droits fondamentaux.
Un véritable changement ou davantage de propagande ?
La décision du régime cubain de libérer 553 prisonniers soulève des doutes légitimes quant à ses véritables intentions. S'agit-il d'un signe d'ouverture ou simplement d'une tactique pour gagner du temps avant le retour d'un paysage politique moins favorable ?
La réponse à cette question dépendra de ceux qui bénéficieront de cette amnistie. Si les prisonniers politiques ne figurent pas parmi les libérés, il sera clair que le régime privilégie le contrôle interne et contournent la pression internationale, tout en perpétuant son système répressif.
En ce moment délicat, la vigilance internationale et la dénonciation constante sont essentielles pour garantir que la lutte pour les droits de l'homme à Cuba ne soit pas éclipsée par des stratégies politiques opportunistes.
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