Un leader névrosé, narcissique et dont la seule priorité est « de rester au pouvoir ». C’est ainsi qu’une équipe de psychiatres de la CIA décrivait Fidel Castro dans un rapport fascinant publié par le quotidien « Clarín » mardi. Bien que ce document ait été rédigé en 1961, il illustre clairement les tensions qui existaient alors entre le bloc capitaliste et le bloc communiste – des tensions qui, comme l’a expliqué la semaine dernière le président américain Barack Obama, seront progressivement remplacées par un rapprochement des positions et une élimination progressive de l'embargo. La Central Intelligence Agency a élaboré ce rapport en octobre 1961, à peine deux étés après la fin de la révolution dans la région et six mois après que des troupes cubaines exilées aient tenté (sans succès) d'envahir la baie des Cochons avec l'aide des États-Unis et de John F. Kennedy. Par ailleurs, ce rapport a été rédigé seulement dix mois avant le début de la crise des missiles de Cuba. Dans le document (qui s'étend sur environ trois pages), la CIA explique tout d’abord que Fidel Castro n'est en aucun cas fou, bien qu'il présente une personnalité instable, vulnérable à la pression psychologique. Le rapport souligne également son désir d'être flatté par les masses, son immense besoin de rester au pouvoir et sa nécessité de faire face à un adversaire pour comprendre que son existence est parfaite. La CIA insiste en outre sur le fait que Castro est instable et a besoin des louanges de ses pairs pour se sentir comblé : « Des éléments névrotiques exceptionnels de sa personnalité sont la soif de pouvoir et son besoin de reconnaissance et d'adulation par les masses : il est incapable d’obtenir une satisfaction complète de quelque autre source que ce soit. » Cela se vérifiait avec le Che Guevara, dont l’étude affirme qu’il était totalement dépendant : « Sa stabilité émotionnelle pâtirait si le Che ne maintenait pas une attitude ferme et positive à son égard », précise le texte. Dans ce sens, le rapport souligne que si le leader était haï par ceux auxquels il demande approbation, « cela entraînerait un désordre dans sa personnalité, une inefficacité politique et même une maladie émotionnelle clinique comme la dépression ». De plus, l’équipe psychologique soutenait que toute critique le rendait instable et le déconnectait de la réalité. Égoïste et craintif face à la passivité Parmi les traits qui définissent le plus la personnalité de Castro, l’équipe note que l’un des plus évidents est son égoïsme absolu, une caractéristique qu’ils considèrent comme son « talon d’Achille ». « Narcissique à l’extrême, dans la victoire, il doit tout contrôler, sans déléguer d’autorité. Lorsqu'il fait face à la défaite, sa première préoccupation est de se retirer pour regrouper ses ressources », complète le texte. De plus, les experts estimaient à l’époque que Castro était animé d’une peur terrible des malheurs qui pourraient survenir en raison de sa passivité (parmi eux, perdre le pouvoir pour ne pas avoir su reconnaître à temps les dangers qui le menaçaient). Cette caractéristique est liée à son besoin psychologique d’être constamment au sommet, contrôlant la société et veillant sur elle comme s’il s’agissait d'enfants. Dans ce sens, les psychiatres de l’Agence d'État de renseignement comprenaient également que, « bien qu'il dépende des masses pour son soutien (…) il n’a pas assez confiance en elles pour appeler à des élections. Sa priorité est de rester au pouvoir. Il détruirait probablement les deux, lui-même et le peuple cubain, pour préserver ce statut ». Toutefois, le document mettait également en avant la grande capacité intellectuelle de Fidel Castro et ses talents en tant que « leader révolutionnaire et agitateur ».
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