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Le reggaetoniste cubain El Micha s'est produit dans l'hôtel Meliá Santiago de Cuba dans le cadre d'une pool party organisée par Caribbean Passion, mais l'événement a laissé plus d'ombres que de lumières.
Malgré la promotion du concert comme un spectacle exclusif et l'énorme attente supposée générée sur les réseaux sociaux, des images de l'événement ont montré une participation limitée.
El Micha, qui a fait l'objet de multiples critiques en raison de sa position sur l'exil et son retour sur l'île, a présenté son spectacle le 15 février dans le cadre d'une série d'événements incluant également des artistes tels que Diván, Vakero et Adalberto Álvarez y su Son.
Cependant, loin d'une grande affluence, le concert a révélé la difficulté d'attirer du public dans la ville orientale, dans un contexte marqué par une crise énergétique aiguë, une pénurie généralisée et une dollarisation partielle de l'économie entreprise par le régime cubain.
Le journaliste indépendant Yosmany Mayeta Labrada a été l'un des premiers à commenter l'événement sur les réseaux sociaux, où il a ironisé sur la situation du reggaetonero : "C'est pour cela qu'El Micha en est arrivé là, à chanter de piste en piste, sans empocher les dollars du capitalisme".
Dans sa publication, il a ajouté que la majorité des participants à l'événement n'étaient pas des Cubains gagnant en monnaie nationale, mais des personnes ayant accès à des remises envoyées de l'étranger.
La polémique entourant El Micha et sa relation avec l'exil cubain
La controverse autour d'El Micha n'est pas nouvelle et remonte à ses déclarations de septembre 2024, lorsqu'il a affirmé lors d'une interview avec Tony Dandrades que son public était constitué par les Cubains, et non par les gens de Miami.
Dans cette interview, El Micha a exprimé sa décision de continuer à vivre à Miami tout en voyageant constamment à Cuba pour donner des concerts. "Je me suis rendu compte de qui je suis, d'où je viens", a-t-il affirmé, défendant son droit à travailler sur l'île sans s'impliquer dans des questions politiques.
Sa position a suscité de vives critiques parmi les Cubains exilés, qui l'ont accusé de tourner le dos à ceux qui l'ont soutenu à l'étranger. "Dis-moi ce que je dois faire pour chanter à Cuba", lui a demandé sur ses réseaux le rappeur cubain exilé El B.
D'autres ont considéré que ses paroles minimisaient l'effort de ceux qui ont lutté contre le régime cubain et que ses voyages continuels sur l'île étaient une preuve de son indifférence face à la répression et à la crise dans le pays.
De plus, El Micha a insisté sur le fait que sa relation avec Cuba est émotionnelle et artistique, pas politique, quelque chose qu'il semblait ne pas ressentir lorsqu'il a composé le titre contestataire "Un sueño". À plusieurs reprises, il a déclaré que "Cuba lui guérit l'âme" et qu'il a besoin d'être sur l'île pour se sentir complet.
Cependant, cette position continue de polariser la communauté cubaine à Miami, où beaucoup le considèrent comme un artiste qui a trahi les valeurs de l'exil, et se demandent comment il peut “guérir l'âme” d'une société opprimée sans droits ni libertés.
Le soutien depuis Cuba : Cubadebate et Gerardo Hernández
Dans ce contexte, El Micha a reçu du soutien à Cuba, en particulier de la part de médias officiels.
En septembre 2024, le portail Cubadebate a publié un article défendant le reggaetonero après une interview polémique au cours de laquelle l'artiste a quitté un programme à Miami lorsqu'on lui a posé des questions sur ses voyages à Cuba.
Selon Cubadebate, El Micha "a explosé face au harcèlement traditionnel" auquel sont soumis les artistes cubains en exil, accusant les médias de Miami d'exiger des déclarations politiques comme un "péage" pour travailler en Floride.
Dans le même ordre d'idées, l'ex-espion cubain et coordinateur national des CDR, Gerardo Hernández Nordelo, a pris la défense du reguetonero, affirmant sur les réseaux sociaux que "à Miami, il y a des inquisiteurs qui prétendent être partis 'chercher la liberté', et maintenant, non seulement ils ont peur de sortir de la rangée, mais ils veulent incinérer ceux qui le font".
Pour Hernández Nordelo, la polémique autour d'El Micha est un reflet du prétendu contrôle idéologique exercé par l'exil sur les artistes cubains.
Un concert qui evidence un déclin
Au-delà de la polémique, le résultat de son concert à Santiago de Cuba a laissé des images peu encourageantes, où la mauvaise production de l'événement, la faible affluence du public et la médiocrité de la scène et du spectacle étaient évidentes.
Bien que la musique d'El Micha reste populaire dans certains secteurs, le manque de public à l'événement a mis en lumière que sa position ambiguë vis-à-vis de la dictature lui a coûté cher tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'île.
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