La Russie promet de sauver l'économie cubaine et d'apporter la "prospérité" à l'île

Le vice-premier ministre russe, Dmitri Chernishenko, affirme qu'il se rend sur l'île à la demande de Poutine et s'engage, selon le Granma, à "défendre la souveraineté" cubaine. Cette promesse intervient après que le laboratoire d'idées Cuba Siglo XXI a déclaré dans CiberCuba que les États-Unis ne descartent pas une action militaire sur l'île en cas où le régime ferait usage des armes pour réprimer une révolte populaire


Le vice-premier russe Dmitri Chernishenko, en visite à Cuba depuis ce mercredi, a promis que son pays "aidera à atteindre la souveraineté, le bien-être économique et la prospérité" de l'île. Cette promesse survient à un moment critique pour le castrisme, qui remplit toutes les conditions pour être considéré comme un État en échec, sauf celle de perdre le contrôle territorial.

Le journal Granma, pour sa part, a souligné les mots du haut responsable russe, le soutien militaire de Poutine. "La Russie sera toujours du côté de Cuba et l'assistera dans la défense de sa souveraineté», a souligné le quotidien officiel du Parti Communiste (PCC). Cette déclaration d'intentions intervient quelques jours après que le laboratoire d'idées Cuba Siglo XXI, basé à Miami, a révélé dans une interview avec CiberCuba que les États-Unis n'excluent pas une action militaire chirurgicale sur l'île, au cas où le régime choisirait d'utiliser les armes pour réprimer une révolte populaire, comme l'a fait l'administration américaine en Syrie, en 2017, en bombardant avec 59 Tomahawks une base stratégique à Homs.

En échange de ce soi-disant soutien économique que la Russie a déjà promis auparavant, bien que de manière moins explicite, elle souhaite « que Cuba évalue objectivement les causes de l'opération militaire spéciale (en Ukraine) et soutienne les légitimes exigences de sécurité de la Russie ».

Le haut responsable politique russe a fait ces déclarations lors d'une visite à Santiago de Cuba, où il a rencontré le gouverneur de la ville, Manuel Falcón, et a visité au cimetière de Santa Ifigenia la pierre qui abrite les cendres de Fidel Castro. Lors de son contact avec la presse proche du Parti Communiste, il a déclaré qu'il avait commencé sa visite à Santiago, "à la demande de Vladimir Poutine".

Cet acte s'inscrit dans l'agenda organisé dans le cadre de la réunion de la Commission intergouvernementale Cuba-Russie pour la coopération économique, commerciale et scientifique-technique, que Chernishenko copréside.

En principe, la déclaration que le vice-premier ministre russe a faite à Santiago devra être ratifiée et concrétisée devant le dirigeant Miguel Díaz-Canel, avec qui il prévoit de se réunir lors de ce voyage sur l'île.

Depuis le Ministère des Affaires étrangères de Cuba, on met en avant les "excellentes" relations entretenues avec la Russie. En effet, Chernishenko a été sur l'île en novembre dernier et Il a également évoqué un don de deux millions de dollars en pièces et composants pour le système électrique national cubain. Après cette visite, le pays a connu deux coupures de courant massives, sur les quatre enregistrées au cours des cinq derniers mois.

Chernishenko est arrivé à Cuba le 8 novembre 2024, deux jours après la panne générale du 6 novembre 2024, provoquée apparemment par l'ouragan Rafael. Suite à sa visite, il y a eu des coupures massives d'électricité le 2 décembre 2024 et celle du 15 mars 2025. Cette fois-ci, il est revenu sur l'île quinze jours après cette dernière coupure générale d'électricité et laisse de nouveau échapper des promesses sans préciser le délai dans lequel celles-ci pourront être ressenties dans les rues, si tant est qu'elles le seront.

La Russie a envoyé en février 2025 environ 790 000 barils de pétrole à Cuba et lui a accordé un crédit de 62 millions de dollars pour aider à atténuer la crise énergétique que traverse l'île. Cela n'a pas empêché la coupure de courant massive du 15 mars 2025.

Il faut se rappeler qu'en 2023, Chernishenko était sur l'île et à cette occasion, il a annoncé de nouvelles facilités pour que des entreprises russes investissent à Cuba. Bien que le régime considère la Russie parmi ses dix premiers partenaires commerciaux, deux ans après cette promesse, il n'y a pas eu d'afflux massif d'entreprises russes à Cuba, malgré le fait que la presse officielle essaie de vendre l'idée que le régime renouera avec la Russie la même relation de dépendance qu'il avait eue avec l'Union soviétique jusqu'en 1991.

Bien que le régime n'ait pas révélé si la question migratoire sera abordée lors des discussions entre Chernishenko et Díaz-Canel, des immigrés cubains détenus dans des centres de déportation en Russie attendent d'être renvoyés à Cuba.

Une vingtaine de détenus ces derniers jours témoignent que la Russie n'est pas un bon pays pour émigrer en ce moment car ils poursuivent les immigrants cubains sans papiers.

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Tania Costa

(La Havane, 1973) vit en Espagne. Elle a dirigé le journal espagnol El Faro de Melilla et FaroTV Melilla. Elle a été chef de l'édition murcienne de 20 minutos et conseillère en communication auprès de la vice-présidence du gouvernement de Murcie (Espagne).