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Le régime cubain progresse dans la mise en œuvre d'un nouvel instrument juridique présenté comme garant du bien-être et des droits des filles, garçons, adolescents et jeunes. Il s'agit du projet de Code de l'Enfance, des Adolescences et des Jeunesses, actuellement en consultation scolaire dans tout le pays.
Au-delà de son impact hypothétique sur le bien-être des destinataires de la norme, un examen détaillé de son articulation par cette rédaction a révélé un design soigneusement structuré pour renforcer l'idéologie officielle et consolider le contrôle de l'État sur l'enfance, les familles et la pensée juvénile.
L'initiative, qui se promeut avec un langage technique, émotionnel et progressiste, fait appel à des notions universelles telles que « l'intérêt supérieur de l'enfant », la « protection intégrale » et le « développement harmonieux de la personnalité ».
Cependant, sous cette rhétorique juridique se cachent des articles qui institutionnalisent l'endoctrinement, criminalisent le désaccord familial et renforcent des mécanismes de surveillance avec un potentiel répressif, en particulier à l'égard des parents critiques du système.
Adoctrinement par mandat légal
Depuis son préambule, le projet de loi clarifie son intention politique. La norme déclare que les filles, les garçons et les adolescents doivent être formés en tant que “porteurs de l'œuvre révolutionnaire”.
«CONSIDÉRANT QUE : Le développement intégral des enfants, des adolescents et des jeunes constitue une aspiration précieuse de l'État, des familles et de la société cubaine, qui œuvrent à inculquer aux filles, garçons, adolescents et jeunes les valeurs et les principes de la société socialiste, ainsi que les attributs et qualités qui leur permettront de jouer leur rôle en tant que participants actifs et continuateurs de l'œuvre révolutionnaire.»
Il ne s'agit donc pas de garantir un développement libre, autonome ou plural, mais de conduire l'enfance vers l'adhésion idéologique au système socialiste.
L'article 57 renforce cette intention en établissant que le système éducatif aura comme objectif essentiel la "formation de valeurs en correspondance avec les principes de la société socialiste", annulant de fait toute diversité de pensée ou droit à une éducation non étatique ou non idéologisée.
“Article 57.3: El Sistema Nacional de Educación tiene como propósitos esenciales la formación y fortalecimiento de valores morales y éticos en correspondencia con los principios de la sociedad socialista, el respeto a los derechos humanos, a la identidad cultural de la nación, el idioma y el medio ambiente en favor del desarrollo sostenible; así como la formación integral de la ciudadanía, el aprendizaje desarrollador de los educandos y su participación activa en el proyecto educativo”.
Contrôle sur les familles "problématiques"
Un des points les plus préoccupants est l'article 91, qui impose à tout citoyen l'obligation de signaler des situations qui affectent la "morale" ou le "bien-être psychique" du mineur.
“Article 91.2: Cualquier persona que conozca de alguna situación que ponga en peligro la integridad física, sexual, psíquica y moral de una niña, niño o adolescente; así como de cualquier tipo de violencia u otra conducta que ponga en riesgo o vulnere sus derechos, tiene la obligación de denunciarla a las autoridades competentes a fin de restablecer los derechos quebrantados”.
Cette clause, délibérément ambiguë, pourrait être utilisée contre les familles d'opposition ou les parents activistes, surtout s'ils sont accusés d'“influencer négativement” leurs enfants en exprimant des idées contraires au régime.
Le devoir d'honorer, de défendre et d'obéir : Le Code qui impose la loyauté depuis l'enfance
Le contenu de l'avant-projet introduit également des devoirs explicites pour les enfants et les jeunes qui, bien qu'ils soient présentés comme formatifs, renforcent une logique de soumission idéologique et de discipline civique et politique.
L'article 117, qui définit les devoirs des filles, des garçons et des adolescents, inclut des mandats tels que “honorer la Patrie et ses symboles”, “protéger le patrimoine culturel et historique de la nation” et “préserver le respect dû aux autorités et à leurs agents”.
Bien que ces formulations puissent sembler neutres, dans le contexte cubain —où les autorités étatiques, la prétendue "légitimité historique" du régime et les symboles patriotiques sont étroitement liés à l'idéologie officielle—, ces devoirs peuvent être utilisés pour évaluer ou sanctionner le comportement des enfants ou des familles selon des paramètres idéologiques.
Dans une ligne similaire, l'article 219 impose aux jeunes l'obligation de “respecter la Constitution de la République de Cuba et ses lois”, “collaborer au fonctionnement des institutions et respecter les autorités légalement constituées” et “participer activement à la défense de la Patrie socialiste”.
Cette formulation transforme l'alignement avec le système politique totalitaire et le respect de ses normes en une responsabilité légale pour les adolescents, renforçant ainsi l'idée qu'ils ne doivent pas seulement se soumettre aux lois de la soi-disant « justice révolutionnaire », mais militer en faveur d'un modèle idéologique unique, ce qui constitue un élément clair d'endoctrinement.
D'autre part, l'article 83, qui régule l'accès des mineurs à la vie culturelle, stipule que celle-ci doit se développer “avec un profond sens décolonisateur, anticonsumériste, inclusif, participatif, démocratique, éducatif, développant la conscience sociale”.
Bien que certaines de ces catégories puissent sembler progressistes, l'utilisation de concepts tels que "conscience sociale" dans le cadre cubain tend à renvoyer à une conscience façonnée par la narration officielle, ce qui renforce une culture institutionnelle dirigée par l'État et laisse peu ou pas de place à des visions alternatives ou dissidentes.
Un code qui légalise l'endoctrinement et la surveillance
Ce corpus législatif ne se limite pas à protéger : il modèle, oriente et contrôle. De l'imposition d'un cadre idéologique dans l'éducation à la création de systèmes de surveillance sur les mineurs, le Code constitue un outil de contrôle social.
Sous l'apparence de "protéger l'enfance", l'État cubain cherche à renforcer son hégémonie politique dès les premiers années de la vie. L'enfance n'est pas perçue comme un sujet de droits en liberté, mais comme un matériau idéologique à façonner pour la continuité du régime.
De plus, la possibilité que ces articles soient utilisés pour justifier des interventions dans des foyers d'opposants, voire le retrait de la garde, n'est pas une simple spéculation : il existe des antécédents documentés de menaces similaires au cours des dernières années.
Conclusion
L'Avant-projet du Code de l'Enfance se présente comme une avancée juridique, mais sa structure interne correspond davantage à une stratégie de contrôle étatique qu'à une réelle garantie des droits.
Il contient des pièges idéologiques et des ambiguïtés légales qui pourraient être utilisées à des fins répressives, surtout dans un pays où le pouvoir judiciaire n'est pas indépendant et où le dissentiment politique est criminalisé.
Le risque ne réside pas seulement dans le texte, mais aussi dans qui l'applique, dans quel contexte et avec quels objectifs. Dans le cas cubain, ce risque est plus que latent : il est structurel et systématique.
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