Parles-tu espagnol et vis-tu aux États-Unis ? Découvre la polémique demande du DHS à la Cour Suprême

La décision aura un impact immédiat sur le quotidien de millions de personnes qui utilisent l'espagnol comme langue principale ou habituelle aux États-Unis.

Arrestation d'un travailleur de la construction aux États-Unis.Photo © X/ICE

Le Département de la Sécurité Nationale (DHS) a demandé à la Cour Suprême des États-Unis de permettre à ses agents d'arrêter et d'interroger des personnes parlant espagnol ou anglais avec un accent, dans le cadre d'opérations migratoires.

Dans sa demande, le gouvernement affirme que la langue peut être un facteur valide - avec d'autres - pour "soupçonner" que quelqu'un est dans le pays sans documents.

La demande du DHS vise à suspendre un ordre fédéral interdisant de fonder une détention uniquement sur la langue parlée, l'apparence raciale ou ethnique, le type de travail ou la localisation de la personne.

Dans sa Demande de suspension, le DHS et le Département de la Justice (DOJ) demandent à la Cour suprême de lever immédiatement la restriction, affirmant qu'elle limite indûment les efforts de contrôle migratoire.

Sostiennent que, dans des contextes où une grande proportion de personnes sans papiers provient du Mexique, du Salvador et du Guatemala, et "beaucoup ne parlent que l'espagnol", l'utilisation exclusive de cette langue peut contribuer à une évaluation légitime du statut migratoire.

Le gouvernement indique que, dans de nombreux cas, les agents doivent interroger sur place pour confirmer ou écarter des suspicions, et que la langue, combinée à d'autres éléments - comme le type de travail ou la zone dans laquelle se trouve la personne - peut justifier cette approche.

Ils citent même des précédents judiciaires dans lesquels le fait qu'un groupe "parlait entre eux uniquement en espagnol" a été jugé pertinent dans le cadre d'une analyse plus large.

Et ils nuancent : "Personne ne pense que parler espagnol... génère toujours un soupçon raisonnable", mais ils insistent sur le fait que dans de nombreuses situations, ce facteur, seul ou en combinaison, peut augmenter la probabilité que quelqu'un soit illégalement dans le pays.

La réponse des demandeurs

Les demandeurs -cinq travailleurs et quatre organisations communautaires- rejettent catégoriquement que la langue soit un indicateur fiable du statut migratoire.

Ils soutiennent que cette pratique ferait des millions de citoyens et de résidents légaux, dont la langue maternelle est l'espagnol ou qui parlent anglais avec un accent, des suspects.

Le tribunal de district a soutenu cet argument en concluant que les quatre facteurs énumérés par le gouvernement décrivent uniquement un « profil large » qui ne répond pas à la norme constitutionnelle de suspicion raisonnable.

Ce qui est en jeu pour les hispanophones

En des États comme la Californie, où vivent plus de 10 millions d'hispanophones et où la plainte a été déposée, permettre que la langue soit un déclencheur pour arrêter et interroger exposerait des communautés entières à des opérations indiscriminées.

Cela affecterait à la fois les sans-papiers ainsi que les citoyens et résidents légaux, créant un climat de peur qui pourrait dissuader de nombreux individus de signaler des crimes ou de collaborer avec les autorités.

Il va sans dire que cela affecterait profondément la Floride aussi.

Un jugement en faveur du gouvernement pourrait établir un précédent national qui normaliserait les contrôles itinérants, les interrogatoires dans les lieux de travail et les contrôles dans les espaces publics basés sur des observations linguistiques.

« Je ne veux pas que le silence soit notre histoire. »

Pedro Vásquez Perdomo, l'un des plaignants, a été arrêté le 18 juin à Pasadena alors qu'il attendait un emploi à un arrêt de bus.

Selon son récit, plusieurs véhicules sans identification se sont arrêtés et des hommes masqués l'ont arrêté "comme s'il était un criminel".

Il a été transféré au sous-sol du bâtiment fédéral B-18 à Los Angeles, où il a partagé l'espace avec 52 autres personnes sans salle de bain ni hygiène.

«Je ne veux pas que le silence soit notre histoire», a déclaré dans des entretiens recueillis par EFE, où il a demandé à d'autres personnes concernées de signaler et de documenter tout abus.

L'ACLU du Sud de la Californie soutient cet appel et rappelle que l'ordonnance judiciaire actuelle reste en vigueur, de sorte que tout interrogatoire ou toute détention basé uniquement sur la langue, l'accent ou l'apparence doit être signalé.

Scénarios possibles

Que vient-il maintenant ? La Cour suprême pourrait :

Accorder la suspension et permettre aux agents de reprendre les interrogatoires en fonction de la langue et d'autres facteurs pendant la poursuite du litige.

- Refuser la demande et maintenir la protection actuelle.

Accorder une suspension administrative brève tout en analysant le cas en détail.

Ce qui est certain, c'est que la décision aura un impact immédiat sur le quotidien de millions de personnes qui utilisent l'espagnol comme langue principale ou habituelle aux États-Unis.

Archivé dans :

Équipe éditoriale de CiberCuba

Une équipe de journalistes engagés à informer sur l'actualité cubaine et les sujets d'intérêt mondial. Chez CiberCuba, nous travaillons pour offrir des informations véridiques et des analyses critiques.