Combien de migrants sans antécédents criminels l'ICE a-t-il arrêtés ? Un rapport a la réponse



Les arrestations se sont concentrées principalement sur des citoyens de trois pays.

Moment où un migrant est arrêté par des agents de l'ICE (Image de référence)Foto © Facebook/ICE

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Un nouveau rapport du Projet de Données sur les Déportations de l'Université de Californie à Berkeley met en lumière l'une des questions les plus controversées de la politique migratoire américaine : qui sont réellement les personnes arrêtées par le Service de l'Immigration et du Contrôle des Douanes (ICE) sous la rhétorique des "criminels dangereux" ?

La réponse, selon les données, contredit ouvertement les arguments qui ont justifié les descentes migratoires les plus agressives des derniers mois.

Près de 75 000 migrants sans antécédents criminels arrêtés

Entre le 20 janvier et le 15 octobre de cette année, ICE a arrêté près de 220 000 personnes.

De ce total, plus d'un tiers -environ 75 000 individus- n'avaient aucun antécédent judiciaire.

Le rapport et les analystes s'accordent à dire que ce chiffre ne correspond pas au discours officiel, qui promettait de concentrer les efforts de l'ICE sur la capture uniquement des "meurtriers, violeurs et membres de gangs".

“Cela contredit ce que l'administration a dit au sujet des personnes qui sont des criminels condamnés et qui traquent les pires des pires”, a dénoncé Ariel Ruiz Soto, analyste principal des politiques de Migration Policy Institute, dans des déclarations recueillies par NBC Miami.

Les données ont été obtenues suite à une plainte déposée par l'équipe du Projet de Données sur les Déportations contre l'ICE lui-même, et sont gérées par un bureau interne qui recueille des informations sur les arrestations, les détentions et les déportations.

Depuis janvier, l'administration a cessé de publier régulièrement ces données.

Qui ICE arrête-t-il vraiment ?

Le rapport révèle que la grande majorité des personnes arrêtées par l'ICE jusqu'à la mi-octobre étaient des hommes (90%), pour la plupart des jeunes : plus de 60% ont entre 25 et 45 ans.

Les arrestations se sont principalement concentrées sur des citoyens du Mexique (85 000), du Guatemala (31 000) et du Honduras (24 000).

En ce qui concerne le profil criminel, le rapport ne précise pas si les personnes ayant des antécédents judiciaires avaient commis des délits mineurs ou des crimes graves tels que le meurtre ou le viol.

Cela empêche d'évaluer la gravité des antécédents chez ceux qui en avaient.

D'autre part, environ 22 959 personnes se classent dans la catégorie de "sortie volontaire", c'est-à-dire qu'elles ont quitté le pays de leur propre initiative sans être formellement deportées.

Une stratégie impulsée depuis la Maison Blanche

L'augmentation des arrestations a été accompagnée d'une intense pression de l'administration Trump.

En mai, Stephen Miller, alors chef adjoint de cabinet, a menacé de renvoyer des hauts fonctionnaires de l'ICE s'ils n'atteignaient pas un objectif de 3 000 arrestations par jour.

Cependant, les chiffres montrent que cet objectif était loin d'être atteint.

Entre janvier et octobre, les agents de l'ICE ont effectué en moyenne 824 arrestations par jour, un chiffre considérablement inférieur à l'objectif fixé, bien que plus du double de la moyenne quotidienne enregistrée sous l'administration Biden en 2024, lorsque 312 personnes étaient arrêtées par jour.

La boîte noire de la Patrouille frontalière

Une partie significative du contrôle migratoire actuel se déroule dans l'ombre.

Bien qu'ICE ait été au centre de l'analyse, les arrestations effectuées par la Patrouille frontalière n'ont pas été incluses dans le rapport.

Cela représente une grave lacune informationnelle, en particulier compte tenu du fait que cette agence a lancé des opérations migratoires agressives dans des villes comme Chicago, Los Angeles, Charlotte (Caroline du Nord) et La Nouvelle-Orléans.

« C'est la boîte noire dont nous ne savons rien », a averti Ariel Ruiz Soto.

« Combien d'arrestations la Patrouille Frontalière effectue-t-elle ? Combien d'entre elles débouchent sur des expulsions et dans quelles conditions ? », a interrogé Rui Soto.

Bien que l'ICE et la Patrouille Frontalière relèvent du Département de la Sécurité Intérieure (DHS), leurs fonctions et domaines d'opération diffèrent.

Traditionnellement, les agents frontaliers opèrent dans les zones limitrophes, mais des centaines d'entre eux ont été envoyés à l'intérieur du pays pour traquer les immigrés sans papiers.

Impact sur l'économie et l'emploi

Les conséquences de ces opérations ne se limitent pas au domaine légal ou migratoire.

El rapport souligne également des préoccupations du secteur des affaires, où l'absence de main-d'œuvre migrante commence à avoir des conséquences.

«Maintenant, nous ressentons vraiment cette douleur dans la main-d'œuvre», a averti George Carrillo, directeur exécutif du Conseil Hispano de Construction.

Carrillo a reconnu le droit du gouvernement à contrôler les frontières, mais a souligné que la stratégie actuelle affecte la stabilité de nombreuses industries dépendant de la main-d'œuvre migrante.

« Même les républicains les plus conservateurs le perçoivent et comprennent qu'il faut faire quelque chose de différent car cela affecte désormais leurs affaires. Et ils sont préoccupés par cette stratégie », a-t-il conclu.

En conclusion, le récent rapport du Projet de Données sur les Déportations a révélé le profond décalage entre le discours officiel et la réalité opérationnelle d'ICE aux États-Unis.

Loin de se concentrer exclusivement sur des criminels dangereux, l'agence a arrêté des dizaines de milliers de migrants sans antécédents criminels, tandis que l'information publique sur ces actions est devenue de plus en plus rare.

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