Cubain expulsé des États-Unis vers le Mexique dit être dans un limbo juridique : voici son cas

Il a été amené par des agents de l'ICE d'El Paso jusqu'à la frontière.

Ángel Luis Meléndez et sa femmePhoto © Collage Captura de Facebook/Univision

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Ángel Luis Meléndez, un migrant cubain qui a vécu pendant quatre ans aux États-Unis, affirme se retrouver dans une situation de totale incertitude après avoir été expulsé par les autorités migratoires américaines et remis aux forces de l'immigration mexicaines.

Il a été amené au Mexique malgré le fait que le gouvernement de ce pays ait insisté publiquement sur le fait qu'il n'a pas accepté de recevoir des expulsés d'autres nationalités.

Le récit de Meléndez, recueilli par Univision, décrit un processus abrupt et traumatique qui a commencé après le rejet de sa demande d'asile politique.

Ángel Luis, après avoir passé 25 jours détenu dans le centre connu sous le nom d'Alligator Alcatraz, a été transféré depuis El Paso, Texas, jusqu'à un point frontalier où, selon ses déclarations, des agents du Service de l'immigration et des douanes (ICE) américain l'ont remis directement aux autorités mexicaines.

“Ils te remettent à la partie mexicaine, ils t'attendent là-bas”, a déclaré Meléndez.

Une fois au Mexique, il a été arrêté pour être entré sans statut légal.

Les autorités migratoires mexicaines l'ont transféré à Chihuahua, où il est resté trois jours sous garde avant d'être libéré.

Cependant, sa situation actuelle est incertaine : il ne possède pas de documents valides, ni n'est reconnu officiellement comme réfugié ou demandeur d'asile, ce qui le laisse, selon ses propres mots, “dans un limbo juridique”.

Déportation discrète et sans garanties

Le traitement réservé à Meléndez au centre de détention Alligator Alcatraz a été décrit comme "un enfer".

Il assure qu'il n'avait jamais été privé de liberté auparavant et que son séjour dans le centre des Everglades lui a laissé une profonde empreinte émotionnelle.

Face à sa nouvelle réalité, il envisage désormais de demander l'asile politique au Mexique, bien qu'il n'ait pas encore officiellement entamé cette démarche.

Meléndez n'a pas été le seul à être expulsé de cette manière. Son partenaire a indiqué qu'il connaît d'autres Cubains ayant vécu des situations similaires.

Elle a fait référence en particulier au cas d'une femme dont le mari a été déporté à Villahermosa, au Mexique, encore vêtu de l'uniforme de détenu qu'il portait lors de son arrestation aux États-Unis.

Le Mexique nie être un "troisième pays sûr"

Les déclarations du migrant contrastent avec ce qu'a exprimé la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, qui a catégoriquement rejeté le 24 juin dernier que le Mexique ait signé un quelconque accord avec les États-Unis pour devenir un "troisième pays sûr" dans la gestion de la politique migratoire.

“Le Mexique n'a rien signé de tout cela”, a affirmé Sheinbaum lors de sa conférence matinale habituelle. Face à la question de savoir si son gouvernement envisageait de le faire à l'avenir, sa réponse fut catégorique : “Non.”

Sheinbaum a expliqué que, dans les cas où des ressortissants étrangers entrent au Mexique pour des raisons humanitaires, le pays agit selon des principes de respect des droits humains.

Les autorités mexicaines, a-t-il déclaré, vérifient d'abord si les migrants souhaitent retourner dans leur pays d'origine et, si ce n'est pas le cas, elles recherchent des alternatives pour leur intégration temporaire sur le territoire mexicain.

Selon des données officielles, depuis le 20 janvier 2025 - date à laquelle Donald Trump a de nouveau pris la présidence des États-Unis - jusqu'à la fin juin, plus de 651 000 personnes sont entrées au Mexique, dont 5 728 sont des étrangères.

Cependant, il n'a pas été précisé publiquement quelles nationalités composent ce groupe.

Dénonciations d'ONG et rapatriements directs

Des organisations non gouvernementales ont dénoncé une augmentation des violations des droits humains en raison de l'utilisation de la Garde nationale mexicaine dans des tâches de contrôle migratoire.

Pendant ce temps, Sheinbaum a souligné que les États-Unis ont des accords de répatriation directe avec plusieurs pays, ce qui – en théorie – rendrait inutile la remise d'étrangers au Mexique pour leur retour ultérieur.

Il a même mentionné que Washington a rapatrié des migrants "jusqu'en Afrique" sans nécessiter l'intermédiation du Mexique, ce qui remet en question la pratique d'expulser des Cubains et de les laisser sur le territoire mexicain sans une base juridique claire.

En plein milieu de ces contradictions diplomatiques et de ces procédures opaques, Ángel Luis Meléndez se retrouve coincé au Mexique, avec peu d'options claires et sans une voie légale définie.

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