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Au cours des derniers jours, de nombreux Cubains vivant aux États-Unis ont commencé à recevoir des messages et des lettres de leurs banques, notamment de grandes institutions, les avertissant que leurs comptes pourraient être gelés ou même fermés s'ils ne mettent pas à jour leur statut migratoire. Cela a généré de la panique et beaucoup de confusion : pourquoi cela se produit-il et que se cache-t-il derrière ces alertes ?
Primordialement, il est essentiel de comprendre le contexte légal : Cuba reste sous un régime de sanctions des États-Unis, ce qui oblige les banques à appliquer des contrôles très stricts concernant les personnes de nationalité cubaine ou les opérations pouvant avoir un lien avec l'île. À cela s'ajoute le fait que la deuxième administration Trump a durci de manière agressive l'ensemble de la politique migratoire, mettant sous suspicion généralisée de grands groupes d'immigrés, y compris les Cubains.
En termes simples, les banques craignent de violer les sanctions et de se retrouver mal positionnées face à un gouvernement qui a fait de l'immigration un objectif central de contrôle et de punition. C'est pourquoi elles sont dans une phase de "nettoyage" ou de révision interne, ce que l'on appelle dans le secteur "de-risking" : elles préfèrent fermer des comptes qu'elles jugent risqués plutôt que d'affronter des problèmes avec le Département du Trésor ou avec les autorités migratoires.
Que sont-ils en train de vérifier exactement ?
Principalement trois choses :
- Si le client est citoyen ou résident de Cuba.
- Si vous êtes légalement présent aux États-Unis en ce moment.
- S'il existe un lien potentiel avec des entités cubaines restreintes par le gouvernement américain.
C'est ici que se manifestent pleinement les cas de parole et de I‑220A. Sous Biden, des centaines de milliers de personnes venant de Cuba, d'Haïti, du Nicaragua et du Venezuela ont bénéficié de programmes de parole humanitaire, leur conférant un statut temporaire et un permis de travail. La deuxième administration de Trump a décidé de révoquer massivement ces protections : la fin du programme CHNV a été annoncée et l'annulation anticipée du parole de plus d'un demi-million de personnes, avec l'aval de la Cour suprême pour avancer tout en étant en litige. Au moment où le parole est annulé, cette personne cesse d'être clairement "légalement présente" et se retrouve dans un flou juridique ou directement exposée à la déportation.
Pour les banques, c'est de la dynamite : un client qui apparaissait hier dans le système avec un statut de parole valide et un permis de travail peut aujourd'hui apparaître sans statut clair. Les algorithmes de conformité et les équipes de risque commencent à marquer ces comptes comme problématiques, précisément dans un contexte politique où la Maison Blanche fait pression pour montrer une fermeté envers les immigrants. C'est ainsi que surgissent de nombreux messages massifs demandant de mettre à jour le statut, ainsi que les blocages préventifs de comptes jusqu'à ce que le client prouve qu'il a un autre type de protection ou un processus en cours.
Le sujet des I‑220A est un autre point d'incertitude. Des dizaines ou centaines de milliers de Cubains sont entrés par la frontière et ont reçu ce document de “liberté conditionnelle sous supervision”, qui n'est pas un parole classique mais n'est pas non plus un séjour totalement irrégulier. Depuis des années, ils sont dans un limbe : ni détenus, mais sans un statut stable. En 2025, des décisions judiciaires ont commencé à reconnaître que beaucoup de personnes avec un I‑220A peuvent être traitées de manière plus proche d'un parole à des fins migratoires, ce qui ouvre la porte à des options comme l'Ajustement Cubain ; mais en même temps, l'administration Trump elle-même a intensifié les détentions de Cubains avec un I‑220A lors des contrôles de l'ICE et a commencé à les utiliser comme cible prioritaire dans sa campagne contre l'immigration.
Du point de vue bancaire, un client avec un I‑220A représente un cas de bruit réglementaire extrêmement élevé : il n'est pas clair combien de temps il peut rester, s'il peut être arrêté ou expulsé à tout moment, et si sa situation correspond à la catégorie de « présent légalement » exigée par les normes financières pour permettre l'utilisation sans restrictions de comptes. Face à cette ambiguïté, de nombreuses banques choisissent de se protéger : elles bloquent, demandent des documents supplémentaires, ou mettent directement fin aux relations avec des clients dont le statut dépend de figures comme le parole annulé ou l'I‑220A.
Quels effets combinés cela produit-il ?
- Plus de Cubains en situation fragile (parole annulée, I‑220A, procédures incertaines).
- Un gouvernement qui fait de l'immigration une priorité politique et opérationnelle.
- Des banques sous pression en raison de sanctions, d'amendes et d'une conjoncture politique qui préfèrent réduire les risques plutôt que de défendre un client individuel.
Que peut faire une personne affectée ?
- Ne pas ignorer les messages de la banque.
- Réunir et remettre des copies de tous les documents migratoires en cours : permis de travail, notification d'asile, reçus d'Ajustement Cubain, prolongation de parole, etc
- Demandez toujours à la banque d'expliquer par écrit la raison du possible fermeture, qui apparaît généralement comme un sujet de “risque” ou de “conformité réglementaire”.
- Y, si la situation est grave, consultez un avocat en immigration ou un spécialiste des sanctions et de la banque pour évaluer s'il est judicieux de contester la décision ou de se tourner vers une autre institution financière
Le résultat visible ce sont les alertes, blocages et fermetures de comptes que tant de Cubains reçoivent aujourd'hui. Pour ceux qui se trouvent au cœur de cet ouragan, les seules véritables défenses sont : ne pas ignorer les communications de la banque, fournir toutes les preuves possibles d’un statut ou processus migratoire en cours (asile, Ajustement cubain, résidence, renouvellements présentés), documenter par écrit chaque décision de la banque et, lorsque cela est nécessaire, chercher des conseils juridiques tant en matière de migration que de finances.
Dans un contexte où la deuxième administration de Trump a intensifié la répression migratoire et a miné la sécurité des paroles, prouver qu'on avance vers la résidence ou qu'on l'a déjà obtenue est la meilleure manière de réduire la probabilité de devenir un "risque" aux yeux du système bancaire.
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