La police de Las Vegas remet un Cubain à l'ICE en ignorant une ordonnance judiciaire, ce qui entraîne une poursuite de l'ACLU



La déportation de Sergio Morales Echevarría sous la garde de l'ICE, malgré une ordonnance judiciaire, pousse l'ACLU à poursuivre la police de Las Vegas, remettant en question la coopération avec les agences migratoires.

Voiture de la Police Métropolitaine de Las Vegas (Image de Référence).Photo © Facebook/LVMPD

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La déportation d'un immigrant cubain alors qu'il était sous la garde des autorités à Las Vegas a suscité des inquiétudes parmi les défenseurs des droits civils et les communautés migrantes, en révélant comment la coopération entre la police locale et le Service de l'immigration et du contrôle des douanes (ICE) peut priver une personne de la possibilité réelle de se défendre devant un tribunal.

Le cas de Sergio Morales Echevarría, un Cubain arrêté au Centre de Détention du Comté de Clark, est au cœur d'une plainte déposée par l'Union Américaine pour les Libertés Civiles (ACLU) du Nevada contre le Département de la Police Métropolitaine de Las Vegas.

L'organisation allègue que l'immigrant a été remis à l'ICE et par la suite déporté en désobéissant à un ordre judiciaire, ce qui aurait porté atteinte à son droit à un procès équitable, selon un reportage de Wyoming Public Media, membre du Mountain West News Bureau.

Selon l'ACLU, un juge du Tribunal de District du Nevada avait ordonné que Morales Echevarría soit transféré dans un centre de traitement pour patients internes. Cependant, ce transfert n'a jamais eu lieu. À la place, le Cubain a été libéré directement sous la garde de l'ICE depuis la prison locale, une décision qui, selon les avocats, n'était pas fondée sur un ordre judiciaire.

“Cette arrestation ne provient pas d'un juge, ni du pouvoir judiciaire ; elle provient simplement d'un fonctionnaire de l'ICE”, a soutenu devant le tribunal Sadmira Ramich, avocate principale de l'ACLU du Nevada, citée par Wyoming Public Media.

Le problème, avertissent les défenseurs, est que ce type de remises peut couper de racine toute possibilité que le détenu se présente devant la justice ou exerce son droit à une défense effective.

Le contexte de l'affaire s'inscrit dans la rapide expansion des accords 287(g), des mécanismes qui permettent aux agences de police locales de collaborer à l'application des lois migratoires fédérales.

Selon la recherche du Mountain West News Bureau, ces accords ont été multipliés par cinq en 2025 dans les États des montagnes Rocheuses, passant de 10 à 54, avec le Nevada parmi les entités qui ont renforcé cette coopération.

Le Département de Police Métropolitaine de Las Vegas reconnaît qu'il notifie l'ICE lorsque des personnes nées à l'étranger sont arrêtées pour certains crimes, bien qu'il insiste sur le fait que ses agents n'appliquent pas directement les lois sur l'immigration.

Dans le cas spécifique de Morales Echevarría, les avocats du département ont allégué devant le tribunal que l'accord 287(g) n'était pas encore formellement en vigueur au moment de l'arrestation, une position que l'ACLU considère comme une tentative d'éluder le fond du problème.

Pour de nombreuses organisations civiles, l'impact humain va au-delà des technicités juridiques. Des experts comme Michael Kagan, professeur de droit à l'Université du Nevada, Las Vegas, avertissent que la remise de détenus à l'ICE peut leur refuser la possibilité de se défendre, car la plupart des procédures migratoires sont de nature civile et administrative, et non pénale.

«Ce n'est pas un délit ; c'est une question de loi migratoire», a souligné Kagan dans des déclarations rapportées par Wyoming Public Media.

Comme élément complémentaire, les enregistrements du Département de la Sécurité Nationale (DHS) situent Morales Echevarría parmi les listes officielles regroupant des immigrants considérés comme hautement prioritaires pour la déportation.

L'ACLU affirme avoir documenté des centaines de détentions de l'ICE dans la prison du comté de Clark, bien que la police locale ait refusé de confirmer des chiffres. Pendant ce temps, la secrétaire à la Sécurité nationale, Kristi Noem, a publiquement défendu ces collaborations et a averti que la présence de l'ICE sera "soutenue" et, par moments, plus intense.

Dans le cas de l'immigrant cubain, il n'a pas été possible de le contacter. L'ACLU affirme qu'il a été déporté au Mexique, bien que le litige concernant sa détention se poursuive. La prochaine audience judiciaire est prévue pour janvier et pourrait établir un précédent clé sur les limites de la coopération entre les polices locales et l'ICE.

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