Arrivée à Cuba du huitième vol de déportation en provenance des États-Unis en 2025

On specule que l'ancienne juge Melody González pourrait avoir été expulsée, reflétant des tensions politiques.

Avion de déportation en provenance des États-Unis à l'Aéroport International José Martí, ce jeudi à La Havane.Photo © Facebook/Minint Hoy

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Un nouveau vol de déportation est arrivé ce jeudi à La Havane en provenance des États-Unis, dans le silence informatif du régime et la croissante incertitude sur l'avenir de centaines de Cubains retenus dans des centres de détention migratoire américains.

Le ministère de l'Intérieur (MININT) s'est contenté de diffuser sur ses réseaux sociaux qu'il s'agit de la huitième opération de retour en 2025 depuis les États-Unis et de la trente-troisième en provenance de différents pays de la région, mais n'a pas fourni de détails sur le nombre de Cubains à bord, leurs profils, ni la destination immédiate des rapatriés.

Le message incluait à peine deux images de l'avion sur la piste de l'Aéroport International “José Martí”, ce qui alimente encore davantage l'opacité entourant ces vols. Cependant, quelques heures plus tard, le journaliste officiel Lázaro Manuel Alonso a informé de l'arrivée de 161 migrants irréguliers (37 femmes et 124 hommes), sans toutefois donner de détails les concernant.

Captura de Facebook/Lázaro Manuel Alonso

"Selon le journaliste, certaines de ces personnes ont été transférées au bureau d'enquête en raison de leur statut présumé de complices dans des faits criminels avant de quitter le pays."

La manque d'informations officielles coïncide avec la spéculation autour de la possible déportation de la ex-juge cubaine Melody González Pedraza, qui pourrait avoir voyagé sur ce vol après plus de deux mois de détention en Louisiane, selon ce qu'a rapporté le média indépendant Diario de Cuba.

González a été présidente du Tribunal Municipal d'Encrucijada, à Villa Clara, et en 2024, elle a émigré aux États-Unis par le biais du programme de parol humanitaire, mais sa demande d'asile politique a été refusée.

Depuis lors, son affaire est devenue un symbole de la tension entre l'appareil judiciaire cubain et ceux qui dénoncent son contrôle par le Parti communiste et le MININT.

Son mari a déjà été déporté sur l'Île il y a des mois, mais le retour de González avait été retardé, ce qui a donné lieu à des rumeurs sur le refus de La Havane de l'accueillir en raison de ses déclarations contre le système judiciaire cubain.

Contraste avec des vols précédents

Le hermétisme actuel contraste avec le vol précédent du 31 juillet, au cours duquel des données précises ont été fournies, avec 118 cubains ayant été déportés, parmi lesquels 22 femmes, et trois ont été arrêtés à leur arrivée sur l'île en raison de liens présumés avec des délits antérieurs.

Cette déportation a donc porté à 833 le nombre de rapatriés en 2025 en provenance de divers pays, dans un contexte de durcissement migratoire sous l'administration de Donald Trump.

Le MININT a réitéré son engagement envers une migration « sûre et ordonnée », mais il évite de fournir des informations sur le sort judiciaire ou social des rapatriés, dont beaucoup font face à des stigmates, des enquêtes et la même précarité qui les a poussés à émigrer.

Chaque vol ne transporte pas seulement des chiffres, mais des vies en suspens, car ce sont des Cubains qui ont tout vendu, se sont endettés ou ont emprunté des routes périlleuses pour échapper à la crise et qui retournent maintenant sur une île qui ne les reçoit pas toujours à bras ouverts.

Dans le cas de Melody González, le drame prend une dimension politique et judiciaire qui explique, en partie, le silence officiel.

Alors que Washington et La Havane maintiennent un minimum de coopération en matière migratoire, des milliers de Cubains restent piégés dans un flou, avec des ordres de déportation aux États-Unis, en liberté surveillée ou dans des centres de détention. Pour eux, chaque vol représente une menace latente de revenir à la réalité qu'ils ont tenté de laisser derrière eux.

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