La journaliste cubaine critique Díaz-Canel pour chercher des investissements étrangers en Asie : « Tant de coups de machette qu'il s'est donnés... »

"Tant de machettes manquées dans les guerres pour l'indépendance de Cuba pour qu'un siècle plus tard, un étranger vaille plus qu'un Cubain, par décision de Fidel Castro, et pour qu'encore aujourd'hui, un étranger continue d'avoir plus de droits à Cuba que n'importe lequel d'entre nous", a déploré Baró.

Mónica Baró Sánchez et Miguel Díaz-CanelFoto © Facebook / Mónica Baró Sánchez - X / @liscuestacuba

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La récente visite de Miguel Díaz-Canel au Vietnam, en Chine et au Laos, officiellement présentée comme un effort pour attirer des investissements étrangers, a suscité la réaction enflammée de la journaliste cubaine Mónica Baró Sánchez, qui a dénoncé la contradiction d'un dirigeant qui parcourt des milliers de kilomètres pour offrir l'île à des entrepreneurs étrangers tout en continuant à fermer la porte à ses propres citoyens.

Dans son message, Baró a déploré que “tant de coups de machette donnés lors des guerres d'indépendance à Cuba pour qu'un siècle plus tard, tout étranger vaille plus qu'un cubain, par décision de Fidel Castro, et pour qu'encore aujourd'hui, tout étranger continue d'avoir plus de droits à Cuba que chacun d'entre nous.”

Captura d'écran Facebook / Mónica Baró Sánchez

Ses paroles ont reflété un sentiment partagé par de vastes secteurs de la diaspora, qui ont réussi à prospérer dans différents pays, mais ne trouvent pas de conditions légales pour investir même dans de petites entreprises dans leur pays d'origine.

Le contraste est évident. À Pékin, Díaz-Canel a rencontré une soixantaine d'entrepreneurs chinois, devant qui il a affirmé que “Cuba est ouverte à toutes les propositions”. Dans son agenda, il a inclus des accords dans le secteur biopharmaceutique, avec des entreprises conjointes qui distribuent déjà des médicaments cubains dans plus de 2 000 hôpitaux en Chine.

Il a également recherché des engagements financiers au Vietnam, un pays qui a même organisé une collecte de 14 millions de dollars à remettre au régime cubain. Au Laos, le dirigeant cubain a signé des mémorandums de coopération politique et économique.

Mais pendant qu'il mendie des investissements en Asie, à Cuba, un cadre légal interdit aux nationaux résidant sur l'île ou en exil de participer à des projets productifs d'envergure.

L'accès aux licences est limité aux petits métiers autonomes, et la participation dans des secteurs stratégiques — énergie, télécommunications, banque, commerce extérieur ou tourisme — reste réservée aux entreprises étrangères ou aux entreprises militaires, excluant ainsi le capital humain et financier cubain.

Pour des critiques comme Baró, cette politique représente une prolongation de la logique instaurée par Castro depuis 1959 : une ferme nationale administrée comme une propriété privée du régime, qui décide qui a accès aux opportunités économiques et qui est relégué.

“Il y a des Cubains désireux d'entreprendre et d'investir dans leur pays”, a dénoncé la journaliste, mais le gouvernement préfère “préparer des petites pâtisseries pour 70 Chinois plutôt que de permettre aux Cubains d'avoir des droits sur leur terre”.

Le contexte historique accentue la paradoxe : après 66 ans de dictature, les Cubains voient comment les richesses nationales sont remises à des autocraties alliées, tandis qu'eux continuent de ne pas avoir le droit de décider ni d'investir dans le pays pour lequel tant de personnes ont donné leur vie.

Le voyage de Díaz-Canel visait à montrer une ouverture, mais seulement vers l'extérieur. En interne, Cuba reste fermée à ses propres enfants.

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