Une action des États-Unis au Venezuela pourrait reconfigurer l'économie mondiale et priver Poutine d'oxygène pétrolier

Si Trump réussit, cela pourrait représenter le coup le plus audacieux de son second mandat : renverser un dictateur allié de Moscou, rouvrir le marché pétrolier vénézuélien et, ce faisant, faire s'effondrer l'économie de Poutine et épuiser sa principale source de ressources pour la guerre impérialiste agressive qu'il mène en Ukraine.

Porte-avions Gerald Ford (image de référence)Photo © media.defense.gov

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La tension militaire dans les Caraïbes n'est plus seulement un bras de fer politique entre Washington et Caracas. Selon une analyse publiée par The Telegraph, une éventuelle attaque militaire des États-Unis contre le Venezuela pourrait déclencher un tremblement économique mondial, faisant s'effondrer le prix du pétrole et portant un coup fatal à l'économie russe.

Le journaliste britannique Matthew Lynn a soutenu dans les pages du média cité que, si le président Donald Trump décide finalement d'intervenir, l'impact ne se limiterait pas au domaine militaire ou politique : il retracerait complètement la carte énergétique mondiale.

Captura d'écran Facebook / The Telegraph

Un géant endormi sur du pétrole

Le Venezuela possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde — 303 000 millions de barils, selon l'Agence d'information sur l'énergie des États-Unis — devant l'Arabie Saoudite et l'Iran.

Cependant, après des années de corruption, de sanctions et d'effondrement industriel sous le chavisme, le pays ne produit qu'une fraction de ce qu'il pourrait.

Alors que l'Arabie Saoudite exporte 180 milliards de dollars par an en brut et que la Russie en exporte environ 120 milliards, le Venezuela atteint à peine 4 milliards. Le pays, qui dans les années quatre-vingt-dix pompait trois millions de barils par jour, peine aujourd'hui à dépasser les 700 000.

À partir de ces données, Lynn a averti que si un changement de régime ouvre la voie à l'investissement occidental, le flux de pétrole vénézuélien pourrait se réactiver dans quelques mois. "Tout le monde sait où se trouve le pétrole et comment l'extraire ; il ne manque qu'un gouvernement fonctionnel", a-t-elle souligné.

Ce renouveau énergétique, impulsé par une éventuelle administration pro-démocratique dirigée par María Corina Machado —lauréate du prix Nobel de la paix 2025 et symbole de résistance—, ferait plonger les prix du pétrole à des niveaux historiques, possiblement en dessous de 30 dollars le baril.

Trump face à son plus grand dilemme géopolitique

L'analyse du Telegraph coïncide avec le déploiement militaire américain le plus important dans les Caraïbes depuis la Guerre du Golfe : le porte-avions USS Gerald Ford est en route, tandis que plusieurs destroyers et sous-marins nucléaires opèrent au large des côtes vénézuéliennes.

Trump a averti qu'il veut voir “des morts parmi les cartels” qui opèrent depuis le Venezuela, une volonté que le Congrès a sanctionnée, annulant ainsi la résolution qui cherchait à limiter ses pouvoirs d'action en vertu de la War Powers Resolution.

Selon l'article, une intervention combinée —sans invasion terrestre massive, mais avec un soutien aérien et naval— pourrait renverser Nicolás Maduro, affaibli et accusé de narcotrafic par Washington.

Le scénario le plus optimiste : une transition convenue avec le soutien de l'opposition et une légitimité internationale, qui ouvrirait une nouvelle étape démocratique et de reconstruction.

Mais le contexte économique est le véritable moteur. Trump pourrait justifier son offensive non seulement au nom de la sécurité hémisphérique, mais aussi comme un coup de maître pour faire baisser les prix du pétrole et étrangler financièrement le Kremlin.

L'effet domino : Russie, Arabie Saoudite et Amérique Latine

La théorie de Lynn est claire : une Venezuela libre et productif, hors de l'OPEP, déclencherait une surabondance mondiale de pétrole.

Le résultat serait dévastateur pour les principaux exportateurs — en particulier la Russie et l'Arabie Saoudite —, mais bénéfique pour le reste du monde, en réduisant l'inflation et les coûts énergétiques.

“Poutine ne pourrait pas soutenir sa guerre en Ukraine avec le pétrole à 30 dollars le baril”, a souligné l'économiste. De plus, le Kremlin perdrait un allié stratégique en Amérique latine, affaiblissant également Cuba et le Nicaragua, dont les régimes dépendent du soutien financier et logistique de Caracas.

En parallèle, l'Arabie Saoudite, avec un déficit fiscal croissant, serait contrainte de réduire les dépenses et les subventions, tandis que les économies occidentales connaîtraient un répit.

Un coup d'échecs ou un saut dans le vide

L'incertitude demeure quant à savoir si Trump osera mettre son plan à exécution. Le président lui-même a exprimé publiquement des doutes sur les risques d'une intervention directe, conscient qu'un échec militaire — comme celui de la baie des Cochons en 1961 — pourrait renforcer ses ennemis et nuire à son héritage.

Cependant, si l'opération réussit, cela pourrait représenter le coup le plus audacieux de son deuxième mandat : renverser un dictateur allié de Moscou, rouvrir le marché pétrolier vénézuélien et, par la même occasion, faire s'effondrer l'économie de Poutine et épuiser sa principale source de ressources pour la guerre impérialiste agressive qu'il mène en Ukraine.

Le tableau est prêt. Il ne reste plus qu'à ce que le président américain décide de déplacer la pièce qui pourrait changer — encore une fois — l'équilibre mondial des pouvoirs.

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