La presse officielle affirme que la chute du tourisme international à Cuba provoque des "excédents dans le secteur agricole"

Parler de « surplus agricoles » lorsqu'il n'y a pas une production suffisante pour garantir un minimum alimentaire n'est pas seulement un mensonge : c'est une indignité.

Image de référence créée avec l'intelligence artificielleFoto © CiberCuba / Sora

Dans une déclaration qui manque de respect à l'intelligence et à la dignité des Cubains, le média officiel Cubadebate a suggéré que la chute du tourisme international a provoqué “des surplus dans le secteur agricole”, comme si le secteur agricole cubain produisait suffisamment pour approvisionner la population et avait maintenant des produits en trop.

"Le secteur agricole, qui consacre un volume significatif de sa production à l'approvisionnement de l'industrie touristique, fait maintenant face à des excédents qui ne trouvent pas d'alternative sur le marché intérieur", ont indiqué les auteurs de l'article dans les conclusions du texte. Le fragment a été supprimé par la suite, mais un lecteur attentif a reproché au média officiel la cruauté de cette observation.

Capture d'écran Facebook / Cubadebate (commentaires)

L'affirmation, déconnectée de toute réalité et marquée par un profond cynisme, ne se contente pas de masquer l'échec du modèle productif et économique, mais vise également à transformer une catastrophe en une supposée "opportunité".

Comment peut-il y avoir des « excédents » dans un pays où des produits aussi essentiels que le riz, les haricots, le lait ou l'huile sont en pénurie? Comment peut-on parler de surplus agricoles lorsque les magasins ne respectent pas les livraisons des rationnements, que les marchés d'État sont pratiquement vides et que l'accès à des aliments de qualité est devenu un privilège de ceux qui reçoivent des remises ou ont accès à des devises?

Capture d'écran Facebook / Cubadebate

Crise agraire sévère : Ce que le discours officiel tait

La réalité est que le secteur agricole cubain est en crise profonde. Les statistiques officielles les plus récentes révèlent des chutes dramatiques de la production de tubercules, de légumes, de viande porcine et de lait.

La pénurie de fournitures, l'abandon de la campagne, le contrôle étatique inefficace et les impayés aux producteurs ont conduit à un point de saturation. La presse d'État elle-même a reconnu que plus de 70 % des aliments consommés à Cuba doivent être importés, ce qui rend encore plus invraisemblable l'idée de "surplus".

Ce que Cubadebate omet —délibérément— c'est que la moindre affluence de touristes n'a pas libéré de produits agricoles sur les marchés nationaux, mais a plutôt aggravé la crise des revenus en devises qui permettrait d'importer des aliments de base. La chute du tourisme ne nourrit pas le peuple ; elle l'appauvrit encore plus.

La narration de l'abondance en temps de famine

Dans un pays où des centaines de milliers de familles peinent à préparer un repas par jour et où la valeur d'une livre de riz peut équivaloir au salaire d'une journée entière, parler de surplus en agriculture est une moquerie cruelle.

Il s'agit d'une narration manipulatrice qui cherche à présenter comme un succès ce qui n'est rien d'autre qu'une catastrophe productive nationale.

Le régime tente de détourner l'attention de l'effondrement de son modèle économique — axé sur un tourisme contrôlé par des militaires via le conglomérat GAESA — avec des récits auto-satisfaisants.

Tandis qu'ils continuent à affecter des milliards de dollars à des hôtels vides, le pays s'enlise dans la misère et les Cubains sur l'île survivent comme ils peuvent, entre files d'attente, faim et désespoir.

Investissement dans quel pays ?

L'insistance du régime à privilégier le tourisme comme moteur économique, malgré ses résultats négatifs et son décalage avec les besoins urgents du pays, démontre la nature élitiste et militarisée du système.

Chaque nouvel hôtel construit est un symbole de l'abandon de la campagne et des villages. Chaque peso qui n'est pas investi dans des engrais, des semences, l'irrigation, la technologie agricole ou des incitations pour les agriculteurs est une renonciation délibérée au droit des Cubains à une alimentation digne.

Parler de « excédents agricoles » quand il n'y a pas suffisamment de production même pour garantir un régime alimentaire minimal, n'est pas seulement un mensonge : c'est une indécence.

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Iván León

Diplômé en journalisme. Master en diplomatie et relations internationales de l'École diplomatique de Madrid. Master en relations internationales et intégration européenne de l'UAB.